Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/528

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en quel état tu as laissé ton père. 3Si donc tu le trouves bon, prenons les devants, et que tes serviteurs suivent à petites journées, avec ta femme et tes troupeaux.” 4Tobie ayant approuvé ce dessein, Raphaël lui dit : “Prends avec toi du fiel du poisson, car tu en auras besoin.” Tobie prit de ce fiel, et ils partirent.

5Anne cependant allait tous les jours s’asseoir près du chemin, au sommet d’une éminence, d’où elle pouvait découvrir de loin. 6Et comme elle épiait de là l’arrivée de son fils, elle l’aperçut dans le lointain qui revenait et, l’ayant reconnu, elle courut l’annoncer à son mari, en disant : “Voici ton fils qui arrive.”

7En même temps, Raphaël dit à Tobie : “Lorsque tu seras entré dans ta maison, adore aussitôt le Seigneur, ton Dieu, et lui rends grâces ; puis, t’approchant de ton père, tu le baiseras,[1] 8et tu étendras tout de suite sur ses yeux de ce fiel de poisson que tu portes avec toi ; car sache que ses yeux s’ouvriront à l’instant, et que ton père verra la lumière du ciel, et que ta vue le comblera de joie.”

9Alors le chien qui les avait accompagnés dans le voyage courut devant eux, comme pour apporter la nouvelle, caressant de la queue et tout joyeux.[2] 10Et le père aveugle se leva et se mit à courir, et, comme il heurtait des pieds, il donna la main à un serviteur[3] pour aller au-devant de son fils. 11Le prenant dans ses bras, il le baisa, ce que fit aussi sa femme, et tous deux versaient des larmes de joie.

12Après qu’ils eurent adoré Dieu et lui eurent rendu grâces, il s’assirent.[4] 13Aussitôt Tobie, prenant du fiel du poisson, l’étendit sur les yeux de son père. 14Au bout d’une demi-heure environ d’attente, une taie blanche, comme la pellicule d’un œuf, commença à sortir de ses yeux.[5] 15Tobie la saisit, et l’arracha des yeux de son père, et à l’instant celui-ci recouvra la vue. 16Et ils rendaient gloire à Dieu, lui et sa femme et tous ceux qui le connaissaient. 17Tobie disait : “Je vous bénis, Seigneur, Dieu d’Israël, parce que vous m’avez châtié et que vous m’avez guéri ; et voici que je vois mon fils Tobie !”

18Sept jours après arriva aussi Sara, la femme de son fils, avec tous ses serviteurs en bonne santé, avec les troupeaux et les chameaux, et tout l’argent de son mariage et celui qu’avait rendu Gabélus. 19Et Tobie raconta à ses parents tous les bienfaits dont Dieu l’avait comblé par l’homme qui l’avait conduit.[6] 20Achior et Nabath,[7] parents de Tobie, vinrent le trouver, pleins de joie, et le félicitèrent de tous les biens que Dieu lui avait faits. 21Et pendant sept jours, mangeant ensemble, ils se livrèrent à de grandes réjouissances.


11. Chap. xii, 1-22 : L’ange Raphaël se fait reconnaître.Après avoir délibéré ensemble, Tobie l’ancien et son fils offrent une récompense à Raphaël (xii, 1-5). Celui-ci révèle à Tobie comment, en récompense de ses bonnes œuvres et après l’épreuve, il lui a été envoyé par Dieu, sa dignité (xii, 6-15). Crainte des assistants. Raphaël la dissipe et prend congé d’eux (xii, 16-22).

Alors Tobie appela auprès de lui son fils et lui dit : “Que donnerons-nous à ce saint homme qui t’a accompagné dans ton voyage ?”[8] 2Tobie répondit à son père : “Mon père, quelle récompense pouvons-nous lui offrir ? Y a-t-il quelque chose qui soit en rapport avec ses services ? 3Il m’a conduit et ramené sain et sauf ; il a été lui-même recevoir l’argent de Gabélus ; il m’a fait avoir une femme, dont il a éloigné le démon, et il a rempli de

  1. 7. LXX : “Raphaël dit : Je sais que ton père ouvrira les yeux.”
  2. 9. Au lieu du verset 9 de la Vulgate, qui seul fait mention de ce détail, on lit dans les LXX : Anne courut au-devant et, se jetant sur le cou de son fils, elle lui dit : Je t’ai vu, mon fils, maintenant je puis mourir. Et ils pleurèrent tous les deux.
  3. 10. Un serviteur, sans doute un enfant qui servait ordinairement de guide au vieillard. D’après le grec du Vatican, c’est Tobie lui même qui se précipite pour soutenir son père qui trébuche.
  4. 12. Manque dans les LXX.
  5. 14, 15. Les LXX ont plus simplement : “Ses yeux éprouvèrent de la cuisson et il les frotta ; et les taies blanches tombèrent des coins de ses yeux.”
  6. 19. On lit dans les LXX : “Ensuite Tobit sortit au-devant de l’épouse de son fils, plein de joie et louant Dieu, à la porte de Ninive, et ceux qui le voyaient marcher étaient dans l’admiration de ce que la vue lui était rendue.”
  7. 20. Achior et Nabath. La Vulgate en fait des cousins de Tobie. Les LXX appellent le premier Achiachar et Achicar : ils en font un neveu de Tobie (le fils de son frère Anaël), qui aurait été grand échanson à la cour de Sennacherib et d’Assarhaddon (LXX : i, 21, 22). Dans ce verset 20 du ch. xi, scion le texte du Sinaïticus, on dit que Achicar et Nadab, neveux de Tobie, vinrent se réjouir avec lui. Dans le Vaticanus : Vint Achiachar et Nasbas, son neveu.
  8. XII, 1-5. Le texte des LXX est plus abrégé pour ces premiers versets.