Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/539

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réservoirs d’eau furent à sec pour tous les habitants de Béthulie, de sorte qu’il ne restait pas dans la ville de quoi rassasier leur soif même un seul jour, car on distribuait chaque jour au peuple l’eau par mesure. 12Alors tous les hommes et les femmes, les jeunes gens et les enfants se rassemblèrent auprès d’Ozias, et d’une commune voix[1] 13tous lui dirent :“Que Dieu soit juge entre toi et nous, car tu as agi pour notre malheur en refusant de faire des propositions de paix aux Assyriens ; et c’est pour cela que Dieu nous a livrés entre leurs mains. 14C’est pourquoi il n’y a personne qui vienne à notre secours, alors que la soif et une grande misère nous font tomber en défaillance sous leurs regards. 15Maintenant donc, assemble tous ceux qui sont dans la ville, afin que nous nous rendions tous volontairement aux gens d’Holoferne. 16Car il vaut mieux pour nous avoir la vie sauve et bénir Dieu dans la captivité, que de mourir et d’être en opprobre à tous les hommes, après avoir vu nos femmes et nos enfants périr sous nos yeux. 17Prenant aujourd’hui à témoin le ciel et la terre, et le Dieu de nos pères, qui nous châtie selon nos péchés, nous te conjurons de livrer incessamment la ville entre les mains des soldats d’Holoferne, afin que nous trouvions une prompte mort par le tranchant du glaive, au lieu d’une mort lente dans les ardeurs de la soif.” 18Lorsqu’ils eurent ainsi parlé, il se fit des lamentations et de grands cris dans toute l’assemblée, et tous d’une voix, pendant de nombreuses heures, ils crièrent vers Dieu, en disant : 19“Nous avons péché avec nos pères, nous avons été infidèles, nous avons commis l’iniquité.[2] 20Vous, qui êtes miséricordieux, ayez pitié de nous ; ou bien tirez vengeance de nos crimes en nous châtiant vous-même, et ne livrez pas ceux qui vous glorifient à un peuple qui ne vous connaît point, 21afin qu’on ne dise pas parmi les nations : Où est leur Dieu ?”

22Après s’être fatigués à force de crier et de pleurer, ils se turent. 23Alors Ozias se leva, baigné de larmes, et dit : “Ayez bon courage, mes frères, et attendons pendant cinq jours la miséricorde du Seigneur.[3] 24Car peut-être mettra-t-il fin à sa colère et donnera-t-il gloire à son nom.[4] 25Ces cinq jours passés, si le secours n’est pas venu, nous ferons ce que vous nous avez proposé.”[5]


2. Chap. viii, 1-34 : Intervention de Judith. — Judith, son origine, son histoire, sa renommée (viii, 1-8). Informée de ce qu’Ozias a fait, elle le blâme devant deux anciens (viii, 9) : on a péché en fixant des limites à Dieu (viii, 10-13) ; il faut implorer sa miséricorde, et, parce qu’on ne l’a pas abandonné, espérer en son intervention (viii, 14-20). Qu’on ranime les courages en rappelant comment les pères ont été mis à l’épreuve, et que ceux-là seuls ont été frappés qui n’ont pas su la supporter (viii, 21-27). Les anciens approuvent les paroles de Judith (viii, 28, 29). Elle leur demande crédit et soutien pour l’œuvre qu’elle médite (viii, 30-34).

Ces paroles furent rapportées à Judith, une veuve, fille de Mérari, fils d’Idox, fils de Joseph, fils d’Ozias, fils d’Elaï, fils de Jamnor, fils de Gédéon, fils de Raphaïm, fils d’Achitob, fils de Melchias, fils d’Enan, fils de Nathanias, fils de Salathiel, fils de Siméon, fils d’Israël.[6] 2Son mari, appelé Manassès, était mort au temps de la moisson de l’orge.[7] 3Comme il surveillait les moissonneurs, qui liaient les gerbes dans les champs, l’ardeur du soleil le frappa à la tête, et il mourut dans Béthulie, sa ville, et il y fut inhumé avec ses pères.[8] 4Il y avait déjà trois ans et six mois que Judith était restée veuve.[9] 5Elle s’était construit, sur le toit de sa maison, une chambre retirée, où elle demeurait enfermée avec ses servantes. 6Les reins couverts d’un cilice, elle jeûnait tous les jours de sa vie, excepté les jours de sabbat et de nouvelle lune et les fêtes de la maison d’Israël.

  1. 12-17. Les LXX ne présentent que des variantes secondaires.
  2. 19-21. Les LXX n’ont pas ces versets contenant les lamentations du peuple.
  3. 23. D’après un passage du texte grec (viii, 29), Ozias espérait que Dieu enverrait une pluie abondante pour remplir les citernes et les réservoirs : la ville, située sur un rocher, lui paraissait autrement imprenable.
  4. 24. Ce verset manque dans les LXX.
  5. 25. Les LXX ajoutent : “Et il renvoya le peuple, chacun à son poste, et ils s’en allèrent aux murs et aux tours de la ville. Il renvoya aussi les femmes et les enfants à leurs maisons, et il y avait une grande affliction dans la ville.”
  6. VIII, 1. Judith, forme féminine dérivée de Juda (honoré, comp. Gen. xxix, 35). Parmi les ancêtres de Judith, les LXX n’ont que 12 noms. — Fils d’Israël (Jacob), corrigé d’après les divers textes grecs et la Peschito : comp. ix, 2. La plupart des commentateurs voient une erreur de copiste dans le Ruben de la Vulgate.
  7. 2-8. Les LXX ne présentent que des variantes secondaires. 2. De sa tribu et de sa famille, ajoutent les LXX au nom de Manassès.
  8. 3. Les LXX ajoutent : “dans la plaine qui sépare Dothaïn de Belamon (Belma).”
  9. 4. Les LXX ont quatre au lieu de six mois.