Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/565

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à la justice vengeresse de Dieu, qui toujours voit toutes choses. 5Maintes et maintes fois, le langage artificieux des hommes que l’amitié des princes avait chargés d’administrer les affaires, a engagé dans d’irrémédiables maux ceux qui étaient à la tête des empires, en les rendant complices de l’effusion du sang innocent ; 6les fallacieux mensonges de la malice trompant ainsi la bienveillante simplicité des gouvernants. 7Et ce n’est pas seulement dans les anciennes histoires — comme nous venons de le rappeler, — que vous pourrez voir des actes impies dus à l’influence pestilentielle de ceux qui exercent indignement le pouvoir ; vous le pourrez mieux encore en examinant ce qui se passe auprès de vous. 8Il nous faut donc pourvoir à l’avenir, afin d’assurer, en faveur de tous les hommes, la tranquillité et la paix du royaume, 9opérant les changements nécessaires et jugeant avec prudence les choses qui se présentent à nous, afin d’y faire face avec une constante équité.

10Vous savez, en effet, comment Aman, fils d’Amadatha, un Macédonien[1], vraiment étranger à la race des Perses et fort éloigné de notre mansuétude, ayant été recueilli par notre hospitalité, 11éprouva les effets de la bienveillance que nous portons à tous les peuples, jusqu’à être appelé notre père et à voir tout le monde se prosterner devant lui, comme possédant la dignité la plus proche du trône royal. 12Mais incapable de porter[2] dignement une si haute fortune, il s’étudia à nous priver de la royauté et de la vie. 13Par toutes sortes d’artifices et de mensonges, il s’efforça de perdre et Mardochée, qui nous a sauvé et toujours utilement servi, et Esther, la compagne irréprochable de notre royauté, avec leur peuple tout entier. 14De cette manière il espérait nous surprendre dans l’isolement et livrer l’empire des Perses aux Macédoniens. 15Mais ces Juifs, voués à la mort par le plus scélérat des hommes, nous avons reconnu qu’ils n’étaient coupables d’aucune faute, mais qu’ils obéissent à des lois très justes, 16et qu’ils sont les enfants du Dieu très haut, très grand et éternellement vivant, lequel, pour nous comme pour nos ancêtres, conserve ce royaume dans l’état le plus florissant.

17“C’est pourquoi, vous ferez bien de ne pas tenir compte des lettres envoyées par Aman, fils d’Amadatha, 18attendu que l’auteur de ces crimes a été pendu au bois, avec toute sa maison, devant les portes de Suse ; Dieu, Maître souverain de toutes choses, lui ayant infligé sans retard le châtiment mérité. 19Affichant la copie de la présente lettre publiquement en tout lieu, permettez aux Juifs de suivre leurs lois en toute liberté, 20et prêtez-leur assistance, afin qu’ils puissent repousser l’attaque de ceux qui, durant les jours d’oppression, se sont élevés contre eux ; et cela, le treizième jour du douzième mois, appelé Adar, en un même jour. 21Car Dieu, le Maître de toutes choses, a changé, pour la race choisie, ce jour de malheur en un jour d’allégresse. 22Vous donc, célébrez aussi ce grand jour avec toutes sortes de réjouissances, comme une de vos fêtes solennelles, afin qu’il soit, maintenant et dans l’avenir, 23pour nous et pour tous ceux qui sont affectionnés aux Perses, un gage de salut[3] et au contraire un souvenir de ruine pour ceux qui complotent contre nous.

24“Toute ville, et généralement toute contrée qui n’aura pas suivi ces prescriptions, sera dévastée avec fureur par le fer et le feu, de telle sorte qu’elle soit à jamais, non seulement inaccessible aux hommes, mais encore abhorrée des bêtes sauvages et des oiseaux.

“Que des copies[4] de ce décret soient exposées aux yeux dans toute l’étendue de l’empire et qu’ainsi tous les Juifs soient prêts, pour le jour susdit, à combattre leurs ennemis.”

  1. 10. Macédonien, ce mot se lit dans le grec ici et au chapitre ix, 24, où il correspond à l’hébreu Agagi, rendu ailleurs par Bugéen (voir iii, 1 et xii, 6). Peut-être le traducteur de ces passages regardait-il Aman comme un transfuge grec ; on conçoit d’ailleurs qu’il ait pu, écrivant après la conquête de l’empire des Perses par le Macédonien Alexandre, employer pour désigner un étranger, ennemi du royaume de Xerxès, le terme de Macédonien qui, attribué à l’époque d’Esther, constituerait un anachronisme. Josèphe (Antiq. XI, vi, 12), rapportant ce décret, appelle Aman un Amalécite et dit qu’il voulait livrer la Perse aux étrangers.
  2. 12. Incapable de porter une si haute fortune. D’autres : cédant à l’orgueil.
  3. 23. Un gage de salut ; Vulg. : pour que l’on sache dans l’avenir que tous ceux qui obéissent fidèlement aux Perses, reçoivent une digne récompense de leur fidélité, etc.
  4. 24. Que des copies, etc. Reproduction de viii, 13.