Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/612

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vingt-dix ans, embrassé des mœurs étrangères. 25Eux-mêmes, alors, à cause de ma dissimulation, et pour un reste de vie périssable, seraient égarés par moi, et j’attirerais sur ma vieillesse la honte et l’opprobre. 26Et quand j’échapperais pour le présent au châtiment des hommes, je n’éviterais pas, vivant ou mort, les mains du Tout-Puissant. 27C’est pourquoi, si maintenant je quitte cette vie avec courage, du moins je me montrerai digne de ma vieillesse, 28et je laisserai aux jeunes gens le noble exemple d’une mort volontaire et généreuse pour les vénérables et saintes lois.” Ayant ainsi parlé, il marcha droit vers l’instrument du supplice. 29Ceux qui l’y conduisaient changèrent en dureté la bienveillance qu’ils lui avaient montrée un moment auparavant, regardant comme insensées les paroles qu’il venait de prononcer. 30Lorsqu’il fut près de mourir sous les coups, il poussa un soupir et dit : “Le Seigneur qui a la science sainte voit que, pouvant échapper à la mort, j’endure sous les bâtons des douleurs cruelles selon la chair, mais qu’en mon âme je les souffre avec joie, par respect pour lui.” 31C’est ainsi qu’il quitta la vie, faisant de sa mort, non seulement pour la jeunesse, mais pour tout le peuple, un exemple de courage et un mémorial de vertu.


5. Chap. vii, 1-42 : Martyre des sept frères et de leur mère.De nouveau l’obligation de manger de la chair de porc (vii, 1). Supplice du premier frère, impression produite sur les autres (vii, 2-6). Supplice du deuxième frère (vii, 7-9), du troisième (vii, 10-12), du quatrième (vii, 13, 14), du cinquième (vii, 15-17), du sixième (vii, 18, 19). Courage de la mère, ses conseils à ses fils (vii, 20-23). Le roi veut la fléchir en faveur du dernier survivant ; son exhortation (vii, 24-29). Paroles courageuses de l’enfant ; son exécution (vii, 30-40). Mort de la mère (vii, 41, 42).

Il arriva aussi qu’on prit sept frère[1] s avec leur mère, et que le roi voulut les contraindre, en les déchirant à coups de fouets et de nerfs de bœuf, à manger de la chair de porc, interdite par la loi.

2L’un d’eux, prenant la parole au nom de tous, dit : “Que demandes-tu, et que veux-tu apprendre de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser la loi de nos pères.” 3Le roi, outré de colère, commanda de mettre sur le feu des poêles et des chaudières. Aussitôt qu’elles furent brûlantes, 4il commanda de couper la langue à celui qui avait parlé au nom de tous, puis de lui enlever la peau de la tête et de lui trancher les extrémités, sous les yeux de ses autres frères et de leur mère. 5Lorsqu’on l’eut ainsi complètement mutilé, il ordonna qu’on l’approchât du feu, respirant encore, et qu’on le fît rôtir dans la poêle. Pendant que la vapeur de la poêle se répandait au loin, ses frères et leur mère s’exhortaient mutuellement à mourir avec courage : 6“Le Seigneur Dieu voit, disaient-ils, et il a vraiment compassion de nous, selon que Moïse l’a annoncé, dans le cantique qui proteste en face contre Israël, en disant : Il aura pitié de ses serviteurs.”[2]

7Le premier étant mort de cette manière, on amena le second pour le supplice, et après lui avoir arraché la peau de la tête avec les cheveux, on lui demanda s’il voulait manger du porc avant d’être torturé dans tous les membres de son corps. 8Il répondit dans la langue de ses pères : “Non !” C’est pourquoi il subit à son tour les mêmes tourments que le premier. 9Au moment de rendre le dernier soupir, il dit : “Scélérat que tu es, tu nous ôtes la vie présente, mais le Roi de l’univers nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour être fidèles à ses lois.”

10Après lui, on tortura le troisième. À la demande du bourreau, il présenta aussitôt sa langue et tendit intrépidement ses mains, 11et il dit avec un noble courage : “Je tiens ces membres du Ciel, mais à cause de ses lois je les méprise, et c’est de Lui que j’espère les recouvrer un jour.” 12Le roi lui-même et ceux qui l’accompagnaient furent frappés du courage de ce jeune homme, qui comptait pour rien les tortures.

13Lui mort, on fit subir au quatrième les mêmes tourments. 14Sur le point d’expirer, il dit : “Heureux ceux qui meurent de la main des hommes, avec l’espérance qu’ils tiennent de Dieu d’être ressuscités par lui ! Pour toi, ta résurrection ne sera point pour la vie.”

15On amena ensuite le cinquième, et on le tortura. Mais lui, fixant les yeux sur le roi, 16dit : “Tu as, quoique mortel, pouvoir parmi les hommes, et tu fais ce

  1. VII, 1. Sept frères : on les appelle souvent les sept frères Machabées, non qu’ils fussent de la famille de Judas Machabée, mais parce qu’ils souffrirent le martyre à cette époque et que leur supplice est raconté au livre des Machabées.
  2. 6. Voir Deut., xxxii, 16.