Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/633

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12Il déjoue les projets des perfides, et leurs mains ne peuvent réaliser leurs complots. 13Il prend les habiles dans leur propre ruse, et renverse les conseils des hommes astucieux. 14Durant le jour, ils rencontrent les ténèbres ; en plein midi, ils tâtonnent comme dans la nuit. 15Dieu sauve le faible du glaive de leur langue, et de la main du puissant. 16Alors l’espérance revient au malheureux ; et l’iniquité ferme la bouche.

17Heureux l’homme que Dieu châtie ! Ne méprise donc pas la correction du Tout-Puissant. 18Car il fait la blessure, et il la bande ; il frappe, et sa main guérit. 19Six fois il te délivrera de l’angoisse, et, à la septième, le mal ne t’atteindra pas. 20Dans la famine, il te sauvera de la mort ; dans le combat, des coups de l’épée. 21Tu seras à l’abri du fouet de la langue, tu seras sans crainte quand viendra la dévastation. 22Tu te riras de la dévastation et de la famine, tu ne redouteras pas les bêtes de la terre. 23Car tu auras une alliance avec les pierres des champs, et les bêtes de la terre seront en paix avec toi. 24Tu verras le bonheur régner sous ta tente ; tu visiteras tes pâturages, et rien n’y manquera. 25Tu verras ta postérité s’accroître, et tes rejetons se multiplier comme l’herbe des champs. 26Tu entreras mûr dans le tombeau, comme une gerbe qu’on enlève en son temps.

27Voilà ce que nous avons observé : c’est la vérité ! Écoute-le, et fais-en ton profit.


3. Chap. vi, 1 — vii, 21 : Réponse de Job.Ses plaintes sont bien au-dessous de ses souffrances (vi, 1-7) ; que la mort le délivre (vi, 8-13). Sa déception en présence de ses amis (vi, 14-23) : de quelle faute peuvent-ils donc le convaincre (vi, 24-30) ? Tristesses de la vie et, en particulier, de celle de Job (vii, 1-10) ; que Dieu cesse de le tourmenter et l’abandonne à son sort (vii, 11-21).

Alors Job prit la parole et dit :

2Oh ! S’il était possible de peser mon affliction, et de mettre toutes ensemble mes calamités dans la balance !… 3Elles seraient plus pesantes que le sable de la mer : voilà pourquoi mes paroles vont jusqu’à la folie. 4Car les flèches du Tout-Puissant me transpercent,[1] et mon âme en boit le venin ; les terreurs de Dieu sont rangées en bataille contre moi. 5Est-ce que l’onagre rugit auprès de l’herbe tendre ? Est-ce que le bœuf mugit devant sa pâture ? 6Comment se nourrir d’un mets fade[2] et sans sel, ou bien trouver du goût au jus d’une herbe insipide ? 7Ce que mon âme se refuse à toucher, c’est là mon pain, tout couvert de souillures.[3]

8Qui me donnera que mon vœu s’accomplisse, et que Dieu réalise mon attente ! 9Que Dieu daigne me briser, qu’il laisse aller sa main et qu’il tranche mes jours !

  1. VI, 4. Me transpercent, m. à m. sont avec moi.
  2. 6. Ce mets fade, c’est la vie misérable de Job. — Au jus d’une herbe insipide ; les Hébreux traduisent, au blanc de l’œuf. Vulg., à un aliment qui donne la mort.
  3. 7. C’est là mon pain, tout couvert de souillures. Texte douteux.