Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/65

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20J’étendrai ma main et je frapperai l’Égypte par toutes sortes de prodiges que je ferai au milieu d’elle ; après quoi, il vous laissera aller. 21Je ferai même que ce peuple trouve grâce aux yeux des Égyptiens et, quand vous partirez, vous ne partirez point les mains vides. 22Mais chaque femme demandera à sa voisine et à celle qui demeure dans sa maison des objets d’argent, des objets d’or et des vêtements que vous mettrez sur vos fils et vos filles. Et vous dépouillerez l’Égypte.”



Moïse répondit, en disant : “Ils ne me croiront pas et ils n’écouteront pas ma voix ; mais ils diront : Yahweh ne t’est point apparu.” 2Yahweh lui dit : “Qu’y a-t-il dans ta main ?” Il répondit : “Un bâton.” 3Et Yahweh dit : “Jette-le à terre.” Il le jeta à terre, et ce bâton devint un serpent, et Moïse s’enfuyait devant lui. 4Yahweh dit à Moïse : “Étends ta main, et saisis-le par la queue, — et il étendit la main et le saisit, et le serpent redevint un bâton dans sa main, — 5afin qu’ils croient que Yahweh, le Dieu de leurs pères, t’est apparu, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.”

6Yahweh lui dit encore : “Mets ta main dans ton sein.” Il mit sa main dans son sein, puis il l’en retira et voici qu’elle était couverte de lèpre, blanche comme la neige. 7Yahweh dit : “Remets ta main dans ton sein, — et il remit sa main dans son sein, puis il la retira de son sein, et voici qu’elle était redevenue semblable à sa chair. — 8S’ils ne te croient pas, et s’ils n’écoutent pas la voix du premier signe, ils croiront à la voix du second. 9Et s’ils ne croient pas même à ces deux signes, et n’écoutent pas ta voix, tu prendras de l’eau du fleuve, et tu la répandras sur le sol, et l’eau que tu auras prise du fleuve deviendra du sang sur le sol.”

10Moïse dit à Yahweh : “Ah ! Seigneur, je ne suis pas un homme à la parole facile, et cela dès hier et dès avant-hier, et même encore depuis que vous parlez à votre serviteur ; j’ai la bouche et la langue embarrassées.” 11Yahweh lui dit : “Qui a donné la bouche à l’homme, et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle ? N’est-ce pas moi, Yahweh ? 12Va donc, je serai avec ta bouche et je t’enseignerai ce que tu devras dire.”

13Moïse dit : “Ah ! Seigneur, envoyez votre message par qui vous voudrez l’envoyer.” 14Alors la colère de Yahweh s’enflamma contre Moïse, et il dit : “N’y a-t-il pas Aaron, ton frère, le Lévite ? Je sais qu’il parlera facilement, lui. Et même, voici qu’il vient à ta rencontre et, en te voyant, il se réjouira dans son cœur. 15Tu lui parleras et tu mettras les paroles dans sa bouche, et moi je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous aurez à faire. 16C’est lui qui parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu lui seras un Dieu. 17Quant à ce bâton, prends-le dans ta main ; c’est avec quoi tu feras les signes.”

18Moïse s’en alla. De retour auprès de Jéthro, son beau-père, il lui dit : “Laisse-moi partir, je te prie, et retourner auprès de mes frères qui sont en Égypte, pour voir s’ils sont encore vivants.” Jéthro dit à Moïse : “Va en paix.”

4. Chap. iv, 19-31 : Retour de Moïse en Égypte.Sur l’ordre de Yahweh, Moïse reprend le chemin de l’Égypte (iv, 19-23) ; rencontre avec Yahweh (iv, 24-26); rencontre avec Aaron, puis avec les anciens (iv, 27-31).

19Yahweh dit à Moïse, en Madian : “Va, retourne en Égypte, car tous ceux qui en voulaient à ta vie sont morts.” 20Moïse prit donc sa femme et ses fils, et, les ayant fait monter sur des ânes, il retourna au pays d’Égypte ; Moïse prit dans sa main le bâton de Dieu. 21Yahweh dit à Moïse : “En partant pour retourner en Égypte, considère tous les prodiges que j’ai mis dans ta main : tu les feras devant Pharaon. Et moi, j’endurcirai son cœur, et il ne laissera pas aller le peuple[1]. 22Tu diras à Pharaon : Ainsi parle Yahweh : “Israël est mon fils, mon premier-né.” 23Je te dis : Laisse aller mon fils, pour qu’il me serve[2] ;

  1. IV, 21. J’endurcirai. Quelques remarques sont ici nécessaires : 1. Dans tout ce récit, il est question 20 fois de l’endurcissement du pharaon ; or 10 fois l’écrivain sacré l’attribue à Dieu. 10 fois au pharaon lui-même : Pharaon endurcit son cœur, ou resta endurci. 2. C’est cette dernière expression qui est employée tout d’abord : après la ire entrevue de Moïse avec Pharaon (vii, 13-14) et après les cinq ires plaies ; seulement après la 6e plaie, l’auteur commence à dire : Dieu endurcit le cœur du roi (ix, 12). En un sens, Dieu aussi endurcit le pharaon : en posant des actes (les miracles opérés par Moïse) qui, destinés sans doute à le convertir, aboutissent en fait à irriter son orgueil et à endurcir son cœur.
  2. 23. Israël est mon fils, en vertu de l’élection d’Israël au privilège de peuple de Dieu (Deut. xiv, 1, 2), élection qui a commencé avec la vocation d’Abraham et qui se réalisera pleinement par l’alliance du Sinaï (xix, 5 sv.). Cette filiation, purement extérieure et générale, s’appliquant plutôt au peuple, comme tel, qu’aux individus, était le prélude et la figure de la véritable