Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/673

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21Il se couche sous les lotus, dans le secret des roseaux et des marécages. 22Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules du torrent l’environnent. 23Que le fleuve déborde, il ne craint pas ; il serait calme, si le Jourdain montait[1] à sa gueule. 24Est-ce en face qu’on pourra le saisir, avec des filets, et lui percer les narines ?

25Tireras-tu Léviathan avec un hameçon, et lui serreras-tu la langue avec une corde ? 26Lui passeras-tu un jonc dans les narines, et lui perceras-tu la mâchoire avec un anneau ?[2] 27T’adressera-t-il d’ardentes prières, te dira-t-il de douces paroles ? 28Fera-t-il une alliance avec toi, le prendras-tu toujours à ton service ? 29Joueras-tu avec lui comme avec un passereau, l’attacheras-tu pour amuser tes filles ? 30Les pêcheurs associés en font-ils le commerce, le partagent-ils entre les marchands ?[3] 31Cribleras-tu sa peau de dards, perceras-tu sa tête du harpon ? 32Essaie de mettre la main sur lui : souviens-toi du combat, et tu n’y reviendras plus.


Voici que le chasseur est trompé dans son attente ; la vue du monstre suffit à le terrasser.[4] 2Nul n’est assez hardi pour provoquer Léviathan : qui donc oserait me résister en face ? 3Qui m’a obligé, pour que j’aie à lui rendre ? Tout ce qui est sous le ciel est à moi.

4Je ne veux pas taire ses membres, sa force, l’harmonie de sa structure. 5Qui jamais a soulevé le bord de sa cuirasse ? Qui a franchi la double ligne de son râtelier ? 6Qui a ouvert les portes de sa gueule ? Autour de ses dents habite la terreur. 7Superbes sont les lignes de ses écailles, comme des sceaux étroitement serrés. 8Chacune touche sa voisine ; un souffle ne passerait pas entre elles. 9Elles adhèrent l’une à l’autre, elles sont jointes et ne sauraient se séparer. 10Ses éternuements font jaillir la lumière, ses yeux sont comme les paupières de l’aurore. 11Des flammes jaillissent de sa gueule, il s’en échappe des étincelles de feu. 12Une fumée sort de ses narines, comme d’une chaudière ardente et bouillante. 13Son souffle allume les charbons, de sa bouche s’élance la flamme. 14Dans son cou réside la force, devant lui bondit l’épouvante. 15Les muscles de sa chair tiennent ensemble ; fondus sur lui, inébranlables. 16Son cœur est dur comme la pierre, dur comme la meule inférieure.

  1. 23. Montait, litt. se précipitait.
  2. 26. Vulg. : empliras tu tes filets de sa peau a de sa tête ton réservoir à poissons ?
  3. 30. Vulg. : le couperont ils en morceaux, soit pour le vendre, soit pour en faire un festin ?
  4. XLI, 1 de l’hébreu correspond à xxxix, 28 de la Vulg., qui, de la sorte, se trouve, dans tout le chap. xli, d’un vers. en retard sur l’hébreu.