Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/879

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6Ta tête est posée sur toi comme le Carmel,
la chevelure de ta tête[1] est comme la pourpre rouge :
un roi est enchaîné à ses boucles.


L’ÉPOUX.

7Que tu es belle, que tu es charmante,
mon amour, au milieu des délices !
8Ta taille[2] ressemble au palmier,
et tes seins à ses grappes.
9J’ai dit : je monterai au palmier,
j’en saisirai les régimes.
Que tes seins soient comme les grappes de la vigne,
le parfum de ton souffle comme celui des pommes,
10et ton palais comme un vin exquis !…


L’ÉPOUSE.


Qui coule aisément pour mon bien-aimé,
qui glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment[3].
11Je suis à mon bien-aimé,
et c’est vers moi qu’il porte ses désirs.
12Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs,
passons la nuit dans les villages.
13Dès le matin nous irons aux vignes,
nous verrons si la vigne bourgeonne,
si les bourgeons se sont ouverts,
si les grenadiers sont en fleurs ;
là je te donnerai mon amour[4].
14Les mandragores font sentir leur parfum,
et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits,
les nouveaux et aussi les vieux :
mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.



Oh ! que ne m’es-tu un frère,
qui aurait sucé les mamelles de ma mère !
Te rencontrant dehors, je t’embrasserais,
et on ne pourrait me mépriser.
2Je t’amènerais, je t’introduirais dans la maison de ma mère :
tu m’enseignerais ;
et je te ferais boire du vin aromatisé,
le jus de mes grenades.
3Sa main gauche est sous ma tête,
et sa droite me tient embrassée.


L’ÉPOUX.

4Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
n’éveillez pas, ne réveillez pas la bien-aimée,
avant qu’elle le veuille.


LE CHŒUR.

5Quelle est celle-ci qui monte du désert,[5]
appuyée sur son bien-aimé ?


L’ÉPOUX.


Je t’ai réveillée sous le pommier,
là, ta mère t’a conçue ;
là, elle t’a conçue, là, elle t’a donné le jour.

  1. 6. La chevelure de ta tête est comme la pourpre etc. La Vulg. a compris et coupé autrement : Comme la pourpre du roi liée (dans) les canaux (où on la teint).
  2. 8. Ta taille litt., celle-ci ta taille, ta taille que voici, que je vois.
  3. 10. Qui glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment. LXX : suffisant à mes lèvres et à mes dents. Vulg. à ses lèvres et à ses dents.
  4. 13. Mon amour. Vulg. mes mamelles.
  5. VIII, 5a. Du désert. Vulg. ajoute : abondant en délices. — 5b-7. Ces paroles sont généralement mises sur les lèvres de l’époux s’adressant à son épouse. Si cette interprétation est exacte, il faut reconnaître que les pronoms suffixes de l’hébreu sont mal ponctués dans la Massore. — Là, ta mère t’a conçue etc. Vulg., Ibi corrupta est mater tua, ibi violata est genitrix tua.