Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/891

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10Par elle, me disais-je, j’aurai de la gloire dans les assemblées,
et, jeune encore, de l’honneur auprès des vieillards.
11On reconnaîtra ma pénétration dans les jugements,
et devant moi les grands seront dans l’admiration[1].
12Si je me tais, ils attendront que je prenne la parole ;
si je parle, ils tiendront les yeux fixés sur moi,
et si je prolonge mon discours, ils mettront la main sur leur bouche.
13Par elle, j’obtiendrai l’immortalité,
et je laisserai à la postérité un souvenir éternel.
14Je gouvernerai des peuples,
et les nations étrangères me seront soumises.
15En entendant parler de moi, des rois redoutables me craindront ;
je me montrerai bon au milieu du peuple, et vaillant à la guerre.
16À mon retour dans ma maison, je me reposerai auprès d’elle ;
car sa société ne cause aucune amertume,
ni son commerce aucun ennui,
mais le contentement et la joie.

17Méditant ces pensées en moi-même,
et réfléchissant en mon cœur
que l’immortalité est le fruit de l’union avec la sagesse,
18qu’il y a dans son amitié une noble jouissance,
et dans les œuvres de ses mains des richesses inépuisables,
qu’on acquiert la prudence dans un commerce assidu avec elle,
et la gloire à prendre part à sa conversation :
j’allai de tous côtés, cherchant le moyen de l’avoir avec moi.

7. Chap, viii, 19 — ix, 18 : Prière de Salomon.Motifs qui Vont amené à la faire (viii, 19-21). Au Dieu de qui tout dépend ici-bas, il s’adresse (ix, 1-4) dans la conviction de son inaptitude à la mission qui lui est échue (ix, 5-8) ; il demande une communication de la sagesse divine afin qu’elle le dirige en ses œuvres (ix, 9-12). Impuissance de l’esprit appesanti par le corps, en dehors de la sagesse (ix, 13-18).

19J’étais un enfant d’un bon naturel,
et j’avais reçu en partage une bonne âme ;[2]
20ou plutôt, étant bon, je vins à un corps sans souillure.
21Mais, sachant que je ne pourrais obtenir la sagesse[3] si Dieu ne me la donnait,
— et c’était déjà de la prudence que de savoir de qui vient ce don, —
je m’adressai au Seigneur, et je l’invoquai,
et je lui dis du fond de mon cœur :



“Dieu des pères, Seigneur de miséricorde,
qui avez fait l’univers par votre parole,
2et qui, par votre sagesse, avez établi l’homme
pour dominer sur toutes les créatures que vous avez faites,
3pour régir le monde dans la sainteté et la justice,
et exercer l’empire dans la droiture du cœur,
4donnez-moi la Sagesse qui est assise près de votre trône,
et ne me rejetez pas du nombre de vos enfants.

5Car je suis votre serviteur et le fils de votre servante,
un homme faible, à la vie courte,
et peu capable de comprendre le jugement et les lois.
6Quelqu’un serait-il parfait parmi les enfants des hommes,
s’il manque de la sagesse qui vient de vous, il sera compté pour rien.

  1. 11. La Vulg. ajoute : et le visage des princes sera dans l’étonnement.
  2. 19, 20. L’auteur veut exprimer cette pensée, qu’il a reçu de Dieu une bonne âme, c.-à-d. douée d’heureuses dispositions naturelles, et un corps pur, c.-à-d. sans défaut ni vice héréditaire.
  3. 21. Obtenir la sagesse. C’est le sens naturel du grec et même de la Vulgate (continens, scil. sapientiœ), et c’est le sens qui s’impose dans le prologue d’une prière en vue de demander la sagesse. Néanmoins la plupart traduisent le latin et quelques-uns le grec : sachant que je ne pouvais être continent, chaste.