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Le « Commonwealth » américain.

Suite. — Voir le n° XCIII de la Société Nouvelle.

II. — LA POLITIQUE AUX ÉTATS-UNIS

On a beaucoup parlé de la corruption politique aux États-Unis ; et il y a des livres, tel que The American Commonwealth, de Bryce, qui en donnent un tableau assez ressemblant. Cependant, il convient de bien faire ressortir l’incurable nécessité de cette corruption, son rapport de causalité, son nèxe avec le système capitaliste. Les principes de liberté constitutionnelle et de concurrence commerciale sont étroitement liés ; et leur aboutissant est la coalition industrielle et politique. D’où la conséquence que la corruption parlementaire représente non pas une phase transitoire, non pas une imperfection, mais l’apogée, la perfection même du système.

Les États-Unis ont débuté par un minimum de gouvernement. Washington Irving l’a dit avec sa véracité habituelle, en parlant des origines de la ville de New-York, dans le temps New-Amsterdam.

« Dans ces jours-là (au temps de la colonisation de l’île Manhattan par les Néerlandais), l’embryon de cette ville présentait le rare et noble spectacle d’une communauté qui se gouverne sans lois ; et laissée ainsi à elle-même et aux soins de la Providence, elle se développait aussi rapidement que si elle eût été chargée d’une douzaine de corbeilles pleines de ces sages lois qu’on amoncelle d’ordinaire sur le dos des jeunes villes pour les faire croître…

« La province de New-Netherlands (Nouveaux-Pays-Bas), dépourvue de richesses, jouissait de cette douce tranquillité que la richesse ne peut pas acheter. Il n’y avait ni troubles publics ni disputes privées ; ni partis, ni sectes, ni schismes ; ni persécutions, ni procès, ni condamnations ; et il n’y avait pas non plus d’avocats, ni de procureurs, ni d’huissiers, ni de bourreaux. » (Knickerbocker’s New-York, par Washington Irving.) Depuis ces temps remarquables, les choses ont changé. La liberté de l’in-