Page:La Société nouvelle, année 8, tome 1, 1892.djvu/666

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facilement acquérable, et les possesseurs du capital sont alors, directement ou indirectement, les vrais propriétaires du sol, c’est-å-dire de la source possive de toutes les richesses. Le créancier hypothécaire, par exemple, jouit souvent bien mieux que le propriétaire nominal du revenu de l’immeuble. La créance hypothécaire, c’est du sol mobilisé.

Que disent actuellement les mécontents ? Voici ce qu’ils disent : La révolution de 1789 a été la révolution des bourgeois, de ceux qui ont u acquérir les immeubles ou qui en ssédaient la valeur représentative. uant aux esclaves d’alors, ils ont simplement perdu leurs maîtres personnels, ceux qui avaient seuls intérêt à s’en préoccuper. Ils sont devenus esclaves collectifs, que le caåitalisme industriel loue å l’heure actuellement, quand il en a besoin. e sont les prolétaires, les soi-disant hommes libres, exploités aux maximum par le capital anonyme, international, exploitant brutalement, sans réserve, sans croyances ni sentiments, ni préoccupation d’avenir.

Et ils ajoutent : Le prolétariat est donc un résultat inéluctable de Fappropriation individuelle du sol, et si on appelle u bourgeoisisme n le régime dans lequel la puissance du capital a remplacé celle de la naissance, on doit dire que le u bourgeoisisme » est une vaste exploitation anon e des prolétaires et résulte, comme le prolétariat, de Yappropriation incliglduelle du sol !

C’est donc à ce régime qu’ils rapportent la cause principale du mal social !

D’aprês eux, ce serait de notre orÿanimation de la propriété foncière que résultent, pour la plus grande part, e peuplement de nos prisons, la prostitution des villes, les épidémies de misere, etc.

C’est bien ancien tout cela ! direz-vous peut-être.

Soit ! Messieurs, mais, ce qui est récent, ce qui est la question du jour, c’est que, actuellement, par le livre, par les journaux, les masses souffrantes se rendent compte socialement de leurs souffrances.

Elles en accusent non pas seulement l’organisation capitaliste ou bourgeoise, dont je vous ai montré l’avènement fatal, mais les bourñeois euxmême, touss ceux qui jouissent d’une aisance quelconque, n’e e résulte des hasards de la naissance, des circonstances ou du travaille plus méritant.

De quels désordres ne sommes-nous donc pas menacés ?

Ce n'est ni l’augmentation du droit de suffrage rapportée à l’habitation, ni le suiîrage universel, ni les mesures diverses que propose le gouvernement qui nous donneront l’ordre permanent, la tranquillité. Les masses ont soif de justice sociale ; mais en présence de notre organisation de la propriété, le suffrage universel lui-même ne sera pour elles qu’un fantôme d’égalité sociale.

Et peut-il être actuellement question de modifier l’organisation séculaire de la propriété ?

Est-il une entreprise plus audacieuse, plus dangereuseuse ?

Et, du reste. comment la modifier, même si tout le monde reconnaissait que l’appropriation individuelle du sol est devenue, à notre époque, une source d'anarchie ?

Ce sont là des questions trop vastes, trop difficiles à exposer complètement pour être résolues ensuite de simples discours dans des assemblées parlementaires.

Et cependant, il faut faire quelque chose ! Il faut tout au moins gagner du temps !