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PRISE DE LA PENSÉE DE BODHI

ture ; je souhaite d’être aux pauvres un inépuisable trésor, un serviteur qui fournisse tout ce qui leur manque.

10) Ma vie dans toutes mes renaissances, tous mes biens, tout mon mérite acquis, présent ou à venir, je l’abandonne, sans retour sur moi-même, pour réaliser le salut de toute créature.

11) La délivrance, n’est-ce pas tout abandonner ? Et mon âme souhaite ladélivrance. S’il faut tout abandonner, mieux vaut tout donner aux créatures.

12-13) Je me remets au bon plaisir de tous les vivants : ils peuvent me frapper, m’outrager, me couvrir de poussière, jouer avec mon corps, faire de moi une risée et une moquerie. Je leur ai donné mon corps et tout cela m’est égal.

14) Qu’ils me fassent faire tout ce qui peut leur procurer du plaisir^^1 ; mais qu’aucune peine ne résulte pour eux, — pour personne, — de leurs rapports avec moi.

15) Que leur colère même et leur mécontentement contre moi soient une cause de la réalisation de leur double fin^^2.

16) Les uns me calomnient, les autres me font du mal, d’autres me raillent, d’autres [sont indifférents ou bienveillants] : que tous obtiennent l’illumination

17-18) Je veux être un protecteur pour ceux qui n’en ont point ; un guide pour les voyageurs ; pour ceux qui désirent l’autre rive, un bateau, une digue ou un pont ; une lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres ; un lit pour ceux qui veulent se coucher ; un esclave pour ceux qui ont besoin d’un esclave.

19) Je veux être pour toute créature une pierre magique, une cruche miraculeuse, une formule souveraine, une herbe de guérison, un arbre à souhaits, une vache d’abondance.

20) De même que les éléments, terre, [eau, feu et vent] sont de toutes manières, [et sans égoïsme], au service des

1. Dans ce monde ou dans l’autre.

2. A savoir : 1) existences paradisiaques ; 2) délivrance ou nirvâna.