Page:La Vallée-Poussin - Bouddhisme, opinions sur l’histoire de la dogmatique.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
intérêt des études bouddhiques

gie, doctrine et piété. Mais on se fait sur le Bouddhisme d’étranges illusions. Plusieurs écrivains assurent que, par un privilège unique dans l’histoire religieuse, il possède une philosophie purement rationaliste, un idéal compatible avec la science moderne, une morale sans dieu et sans âme ; on ajoute qu’organisé plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, il s’est propagé ou insinué en Occident jusqu’à la Méditerranée. C’est assez pour lui faire un succès ; mais c’est lui faire beaucoup trop d’honneur. Le Bouddhisme cependant mérite toute notre attention, mais non pas pour ces raisons-là : il vaut par sa légende, par une note très particulière d’humanité, d’intimité ; il vaut surtout, au regard des autres religions indiennes, par son caractère historique : par son fondateur, sa confrérie, ses canons et ses sectes, par son iconographie qui dépend de l’art grec, par sa force de propagande et la conquête de l’Extrême-Orient. À certains égards, en quelque mesure, le Bouddhisme a été pour l’Asie ce que le Christianisme a été pour l’Europe.

Quelques savants et de nombreux ignorants ont pensé, disons-nous, que l’Europe elle-même devrait se mettre à l’école de Çâkyamuni. Sur ce point il est permis de trouver un peu sommaire le jugement de Barthélemy Saint-Hilaire : « Le seul, mais immense service que le Bouddhisme