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LE MUSÉON.

qu’on tienne compte du point de savoir si le coupable a, dans l’intervalle, atteint quelque degré de la perfection spirituelle »[1].

Je ne suis pas, hélas ! chez moi (zu Hause) dans les procédures disciplinaires du Vinaya ; je pourrais, presque sans coquetterie, avouer que j’ai surtout étudié le onzième chapitre du Culla. La fortune veut que j’y trouve un détail important relatif au problème qui nous occupe. Nous savons que Channa, lorsqu’Ānanda lui eut fait part du « boycottage » prononcé contre lui par le Bouddha, tomba dans un tel repentir qu’il devint bientôt Arhat. Là-dessus, comme nous l’avons dit, mais cela vaut la peine d’être répété, il va supplier Ānanda de lever l’excommunication[2] : il est donc du même avis que M. Oldenberg. Une faute commise avant l’acquisition de l’ « Arahatship » doit trouver sa sanction disciplinaire. — Ānanda qui, croyons-nous, s’y entend mieux que personne, lui répond en propres termes : « Du moment même, ami Channa, où tu as réalisé la qualité d’Arahat, de ce moment la pénitence a cessé ». — « Quoi qu’il dise, personne ne lui parlera, ne l’exhortera, ne l’admonestera » : ainsi avait parlé le Bouddha sur son lit de mort au sujet de Channa. Mais, par le fait qu’on devient Arhat, la pénitence tombe, encore qu’elle soit prononcée comme définitive. — Il est vrai que le Vinaya ne sait rien de cette pénitence dite « de Brahmā », et que la familiarité avec les Vinayas est par conséquent ici sans importance.

Observons encore que Channa se trouve relevé de

  1. Buddh. Studien, p. 620-621.
  2. Quel droit possède Ānanda de lever une excommunication prononcée par le Bouddha, approuvée par le Saṃgha ?