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SAPHO, DOMPTEUSE

être trompée. La dompteuse réclamait son bien, et ses regards ardents cherchaient dans l’ombre une ombre bien-aimée, trop longtemps fugitive. La passion parlait plus haut que la mort, réclamait éloquemment une part de joie à l’existence fragile.

C’était aussi pour le jeune homme un renouveau d’espoir et de foi. Une sève ardente le parcourait ; il se sentait guéri, plein de confiance et de force. Il se laissait aller à la douceur de vivre son beau roman d’amour, sans souci de la veille ni du lendemain. Rien n’existait plus que l’heure présente ; la joie embrasait l’amant, chantait au nouvel initié la gamme des éternelles voluptés.

Il ne se souvenait plus d’avoir souffert, d’avoir maudit, d’avoir été criminel. C’était si loin cette vie d’autrefois qui n’avait connu ni les réveils délicieux auprès d’une femme adorée, ni les étreintes, ni les sourires.

Maintenant, même pendant son sommeil, une forme charmante demeurait présente, l’enveloppant de caresses. Il tendait les bras pour la retenir, et elle ne s’enfuyait plus, légère, dans