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SAPHO, DOMPTEUSE

persistait, se prolongeait, tandis que les grilles des fauves tombaient, au dehors, et que les bêtes farouches se précipitaient sur les spectateurs.

Tout cela, cependant, était irréel comme un cauchemar. Des êtres couraient, trépignant des corps mous, mordant, déchirant, tuant, sans trêve ; des cervelles jaillissaient, une buée de sang montait comme la vapeur d’une chaudière infernale.

Christian souvent avait de ces hallucinations dont il sortait hagard, brisé, anéanti. Surtout, depuis qu’il avait rencontré Sapho, dont l’extraordinaire ressemblance avec un être cent fois maudit l’avait frappé, les troubles mentaux prenaient une intensité nouvelle.

Mais une horreur sans nom glaçait ses veines ; un frisson le secouait de la tête aux pieds. Poursuivant son rêve, il voyait, maintenant, la dompteuse étendue sous la griffe de Mirah qui lui fouillait la poitrine. Son désir de meurtre l’avait abandonné, et il tendait vers la bête ses mains suppliantes comme pour arrêter l’affreuse boucherie.