dernier naturaliste de l’armée comme il en est le premier. Il faut le souhaiter, car l’idée n’est pas bonne d’examiner un régiment à la loupe.
M. Hermant a voulu placer « l’armée très haut » et parler « du régiment avec cette espèce de religion passionnée qu’il inspire à tous ceux qui ont eu l’honneur de porter l’uniforme ». C’est lui-même qui le dit, et je le crois ; mais il est certain qu’il n’a pas réussi du tout. Et comment pouvait-il atteindre un si noble but à l’aide de la triste fable qu’il a inventée ? Le moyen de professer la religion du drapeau en contant l’histoire d’un cavalier qui déserte pour suivre une fille et puis qui vole la montre d’un camarade ? Je mettrai en scène, nous dit-il, l’homme et le régiment. Et voilà l’homme qu’il nous donne comme le type du soldat ! Quant au régiment, je reconnais qu’il a eu ça et là le sentiment de cet « organisme simple et fort » (p. 19), de « ce corps énorme, vivant d’une personnalité diffuse d’océan, où les individus se fondent et ne comptent pas plus que l’unité d’une goutte d’eau » (p. 18). Son héros, qui n’est pourtant qu’un paysan vicieux, sent, « comme ils le sentent tous, la nécessité de la loi qui expédie les conscrits d’un bout de la France à l’autre pour en faire d’un seul coup des orphelins que l’armée adopte » (p. 199). Il éprouve même « l’humble orgueil des hommes obscurs qui ont un instant la conscience nette de leur rôle utile et ignoré dans une grande œuvre » (p. 222). Mais que devient la majesté du régiment dans ces longues et