Page:La Vie littéraire, II.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous n’avons pas l’idée, nous qui vivons sur une très petite planète, en somme assez paisible. Imaginait-on, il y a seulement vingt-cinq ans, qu’il se fît sur le tissu gazeux dont s’enveloppe le soleil des déchirures mille fois grandes comme la terre et qui se réparent en quelques minutes ? Il ne reste plus rien de ce ciel incorruptible décrit dans les antiques cosmogonies. Nous savons aujourd’hui que les espaces éthérés sont le théâtre des énergies qui produisent la vie et la mort. Nous savons que les étoiles s’éteignent ; nous savons même à quels signes on peut annoncer la mort d’un astre. Une étoile qui ne brille plus que d’un éclat rouge et fumeux va bientôt mourir. Mais qu’est-ce que mourir, sinon renaître ? La mort d’un soleil n’est peut-être que la naissance d’une planète. Quant aux planètes, elles ne sont pas exemptes de la caducité universelle. Elles périssent à l’heure marquée et l’on a observé, non loin de la terre, les débris épars de la planète de Kepler. Tout est en mouvement dans l’univers, ou plutôt tout est mouvement. Les étoiles, qu’on croyait fixes, nagent dans le ciel avec la rapidité de l’éclair. Et pourtant nous ne les voyons pas bouger. Comment cela se peut-il faire ? Écoutez : Voici un boulet ; au moment où il est lancé hors du canon, sa surface est modifiée par des agents chimiques d’une grande puissance, elle se couvre de germes féconds ; une flore et une faune infiniment petites y naissent : ce boulet est devenu un monde. Après bien des efforts et d’innombrables essais, des types d’une animalité supérieure s’y produisent et tendent à s’y fixer.