Page:La Vie littéraire, II.djvu/127

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du soleil, la chair de sa chair. En sorte que cette goutte de boue où nous vivons contient pourtant en elle tout l’univers.

Il était temps que l’astronomie physique nous apportât cette révélation et nous montrât notre infini quand nous ne voyions plus que notre néant. La Terre n’est rien, mais ce rien possède les mêmes richesses que Sirius et la Polaire. Les pierres mêmes qui nous sont tombées du ciel ne nous ont rien apporté d’inconnu.

La chimie contemporaine aussi s’est fait une idée nouvelle et philosophique des choses. Son analyse subtile a si bien pénétré les corps qu’ils se sont tous évaporés. Elle a relégué la matière au rang des grossières apparences. Elle a montré que la substance n’était pas, que rien n’existait en soi, qu’il n’y a que des états, et que ce qu’on nommait substance n’est qu’un insaisissable Protée. Elle a fondé le dogme de l’instabilité universelle. Elle a dit : « Chaleur, lumière, électricité, magnétisme, affinité chimique, mouvement sont les apparences diverses d’une même réalité encore inconnue. L’illusion, l’éternelle illusion révèle seule le dieu caché. La nature ne nous apparaît que comme une vaste fantasmagorie et la chimie n’est que la science des métamorphoses. Il n’y a plus ni gaz, ni solides, ni fluides, il y a seulement le sourire de l’éternelle Maïa. »

La chimie, donnant la main à la physiologie, a reconnu que la matière organique n’était point distincte dans son principe de la matière inerte, ou plutôt qu’il