Page:La Vie littéraire, II.djvu/179

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lignes, l’épisode qu’il se propose de retracer amplement d’après des documents inédits, je veux dire la liaison de son héroïne avec Chateaubriand. « Commencée, dit-il, en 1803, alors que René était nommé secrétaire d’ambassade à Rome, elle fut bientôt dans toute sa force et son ivresse. Les lettres de Chateaubriand qui nous ont été obligeamment confiées, en font foi ; elles aideront à expliquer encore cette âme orageuse et inquiète. Si vif qu’ait été l’attrait ressenti par lui, le volage ne put longtemps être fixé et retenu. Madame de Custine continua d’être son amie pendant vingt ans, jusqu’à l’heure de sa mort. » Alors encore elle restait amante malgré l’âge et le délaissement, et se montrait plus jalouse de la gloire du grand homme que de la sienne propre. Peu de temps avant sa mort, comme elle faisait voir à un confident une des chambres de son château :

— Voilà, dit-elle, le cabinet où je le recevais.

— C’est donc ici, lui dit-on, qu’il a été à vos genoux !

Elle répondit :

— C’est peut-être moi qui étais aux siens.

Nous ferons notre profit de l’étude sur madame de Custine quand elle sera entièrement publiée. Pour aujourd’hui, puisque M. Bardoux s’attarde agréablement aux premières années de son héroïne et nous montre Delphine près de sa mère, nous aussi, parlons de cette mère digne d’une immortelle louange. Appelons du fond du passé, son ombre charmante. Nulle n’est plus douce à rencontrer. Il n’en est pas d’un plus gracieux entretien,