Page:La Vie littéraire, II.djvu/186

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au XVIIIe siècle. Bien des choses sont mortes en eux, bien des choses bonnes et utiles sans doute ; ils ont perdu notamment la foi et le respect dans le vieil idéal des hommes. Mais aussi que de choses commencent en eux et par eux, qui nous sont infiniment précieuses, je veux dire l’esprit de tolérance, le sentiment profond des droits de la personne, l’instinct de la liberté humaine.

Ils surent s’affranchir des vaines terreurs ; ils eurent l’esprit libre et c’est là une grande vertu. Ils ne connurent ni l’intolérance, ni l’hypocrisie. Ils voulurent du bien à eux et aux autres et conçurent cette idée, étrange et neuve alors, que le bonheur était une chose désirable. Oui, ces doux hérétiques furent les premiers à penser que la souffrance n’est pas bonne et qu’il faut l’épargner autant que possible aux hommes. Qu’un génie féodal et violent, qu’un de Maistre les poursuive de sa haine et de sa colère. Il a raison. Ces aimables dames, ces bons seigneurs ont tué le fanatisme. Mais est-ce à nous de leur en faire un crime, et ne devons-nous pas plutôt sourire à leur indulgente sagesse ? Ils savaient que la vie est un rêve, ils voulaient que ce fût un doux rêve. Ils remplacèrent la foi par la tendresse, et l’espérance par la bonté. Ils furent bienveillants. Leur vie fut, en somme, innocente, et leur mémoire est de bon conseil.