Page:La Vie littéraire, II.djvu/188

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image. Que de fois n’avez-vous pas eu la même vision ! Et qu’il faut vous envier d’avoir vécu avec des ombres charmantes ! Vous êtes revenu de ces champs Élysées, de l’ancienne France, tout pénétré d’une douce sagesse ; vous plaignez des faiblesses généreuses ; vous estimez comme les plus chers trésors de la vie le bon goût, le désintéressement, la liberté de l’esprit, la fierté du cœur et l’aimable tolérance. Vous pensez que vos livres n’en feront que mieux aimer la France. Je le pense aussi. Je pense qu’un pays où se forma la plus belle société, du monde est le plus beau des pays. Je me disais, en lisant votre livre : ta France est en Europe ce que la pêche est dans une corbeille de fruits : ce qu’il y a de plus fin, de plus suave, de plus exquis. Quelle merveilleuse culture que celle qui a produit une Delphine de Custine !

Elle fut élevé comme on élevait alors les filles, sans pédantisme, sobrement, avec mesure. À quinze ans, elle parut dans le monde. Conduite chez madame de Polignac une nuit que l’archiduc et l’archiduchesse d’Autriche y soupaient ainsi que la reine, elle eut grand’peur, et séparée un moment de sa mère, ne sut que devenir. L’archiduc imagina de venir lui parler. Elle en fut si déconcertée que, n’entendant rien à ce qu’il lui disait et ne sachant que lui répondre, elle prit le parti de se sauver à l’autre bout du salon, très rouge et dans un état affreux. Toute la soirée on s’amusa aux dépens de la petite sauvage. Mais sa mère, la voyant fort en beauté, n’était pas en peine.

Cette sauvagerie devait rester, attachée jusqu’à la fin