Page:La Vie littéraire, II.djvu/384

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Porter harnoiz sur vostre doux (dos),

 Vous en serez bien toust lassée.
 Belle fille, qu’en dictes vous ?
     LA PUCELLE.
 Au nom Dieu, le porteroy bien.

Et cela, en effet, est bien sonnant. S’il est des poésies relatives à la Pucelle qui nous intéressent et nous touchent, ce sont celles du XVe siècle, parce que ce sont des témoignages et qu’on y entend un accent inimitable. Je citerai, en première ligne, les vers de Christine de Pisan. Ce sont les seuls qui aient été faits du vivant de l’héroïne. Ils furent achevés le 31 juillet 1429, au moment où Charles VII, maître de Château-Thierry, pouvait, en trois jours de marche, conduire son armée devant Paris. Christine était vieille alors ; elle vivait, depuis onze ans, cloîtrée dans une abbaye de l’Ile-de-France. Cette dame avait la tête pleine des doctes subtilités qui formaient toute la science de son temps ; elle était un peu pédante, mais bonne, sérieuse et pleine de cœur. Les misères de la France la désolaient. Quand elle apprit là délivrance d’Orléans et la mission de la Pucelle, elle éprouva, pour la première fois depuis onze ans, un mouvement de joie :

 Or, à prime me prens à rire.

C’est alors que du fond de sa retraite l’excellente femme écrivit des vers qu’on croit être les derniers qui soient sortis de sa main. Ils se ressentent de la vieillesse de l’auteur