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III


Le cœur lourd de cuisine à l’huile et de piments,
Matéo de Corfou, né d’une mulâtresse
Et d’un prince espagnol parjure à son serment,
Avec grâce étirait sa natale paresse.

Un roulis insensible agitait faiblement
Le hamac du forban dont la pâleur traîtresse,
La bouche insidieuse et le regard qui ment
Firent périr d’amour tant de nobles maîtresses.

Tandis qu’assis en rond ou couchés sur le dos
Les hommes profitaient d’un instant de repos
Pour cuver, çà et là, leurs infernales drogues,

Et qu’un tout jeune esclave au teint de cuivre clair
Qui regardait sans voir par un sabord ouvert
Pleurait en évoquant des lacs et des pirogues.