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DE LA LANGUE BRETONNE.

du pouvoir [1] ; Casuallonus le chef tout plein de haine [2] ; Manduhradus, l’homme de la noire trahison [3], et l’on sait effectivement que le chef de ce nom trahit ses compatriotes dans une circonstance mémorable, en passant à l’ennemi. Galgacas, le bègue [4] ; Brittomarus, le grand breton [5] ; Virdumarus, le grand homme noir [6] ; Colins, le vieux [7] ; Louernius, le renard [8] ; Bathanat, le fils du sanglier [9] ; Brennus, enfin, le chef, le prince, le roi [10], et mille autres que je pourrais citer, s’il n’était périlleux de se livrer sans réserve à des noms propres dont plusieurs, en passant dans les langues étrangères, ont sans doute été altérés. Nous en pouvons juger par les altérations que subissent, dans les rapports de nos généraux d’Afrique, les nomenclatures arabes.

Maintenant, en étudiant la manière dont sont composés les mots gaulois que nous venons de citer, on verra qu’elle est commune aux quatre dialectes celtiques modernes. Ce fait est d’une grande importance : retrouver dans un de ces dialectes seulement plusieurs des mots en question, de ces mots qu’on n’emprunte pas et qui constituent le corps des langues, serait remarquable à coup sûr ; qu’est-ce donc quand nous les retrouvons dans deux, dans trois et souvent dans les quatre à la fois ? qu’est-ce surtout quand les expressions reconnues comme appartenant à l’ancienne langue celtique, offrent une organisation grammaticale qu’on dirait résulter des lois de la langue celtique moderne ? Ne s’ensuit-il pas que la mère et la fille n’ont qu’une grammaire générale, comme elles n’ont toutes deux, quant au fond, qu’un seul vocabulaire ? On ne nous demandera pas sans doute de reconstituer cette grammaire générale à l’aide des débris parvenus jusqu’à nous ; on le sent, ils sont insuffisants : nous devons seulement indiquer les éléments grammaticaux qu’ils contiennent, et montrer qu’ils existent encore dans les langues bretonne et gaële. Le premier que j’en vois sortir est le caractère qui sert à distinguer l’individu ou l’espèce, c’est-à-dire, l’article défini ; il y existe sous ses deux principales formes modernes, ann et ar, communes au breton d’Armorique et à la langue gaële[11]. Voici ensuite la terminaison io, o ou au, selon qu’on l’écrit suivant les Bretons de Galles ou les Bretons de France, qui marque communément le pluriel dans la déclinaison celtique actuelle la plus ordinaire[12] ; et puis les prépositions os ou euz

  1. Gallois, kar. Breton, kâr. Gaël-éc, kar. Gallois, bili (en constr., vili). Breton, béli (en constr. véli)
  2. Gallois, kas. Bret., kas. Gaël-éc, kas. Breton, gwall ou wall. Gallois, wall. Gall. lawn. (Vid. supr., p. x. Note 19.)
  3. Gallois, man. Bret., man. Gaël-éc, mana. Gallois, . Breton, . Gaël, duv. Gallois, brat. Breton ancien, brat. Gaël, brath.
  4. Gallois, gwall. (Vid. supr.) Breton, gak. Gaël-écos., gagag. (En gallois, gwallawg ou gwall-c’hag.)
  5. Gallois, brython. Armoricain, bréton. Gaël-irl., breathuin (pr. bretoun). Gaël-irl., mar. Gallois, mawr ou mor. Breton, meûr.
  6. Gaël-irl., fear (pron. ver). Gallois, wr. Bret. gour (en constr., our). Gallois, du. (Vid. supr. Note 3.) Gallois, mawr. (Vid. supr. ibid.)
  7. Breton moderne, kôz et kot. Breton ancien, kot et koih (pron. kôz).
  8. Breton, louarnn. Gallois, louern et lern.
  9. Gallois, baeth. Breton ancien, baedh. Gallois, anet (engendré). Breton anc, ganat. Breton moderne, ^^anei (en constr., c’/tanef ou hanet). Gaël-irl., gineal (en const., hinéal).
  10. Breton, brenn. Gallois, brennin. Gaël-irl., brian.
  11. Vid. supr. An-kaleti, p. x. Note 17. Ar-vorici, p. x. Note 15.
  12. Vid. sup. Avenio, p. x. Note 10. Lucotetia, p. x. Note 3. Verno-dubrum, p. x. Note 8.