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ESSAI SUR L’HISTOIRE

leur. Une fois supprimés, l’orthographe bretonne perdait plusieurs de ses qualités les plus précieuses ; les affinités, la dérivation, l’étymologie (i). Beaucoup le furent malheureusement, car l’autorité de Maunoir prévalut sur l’usage ancien du pays. Les expressions étant défigurées de la sorte, la manière dont il les écrivit dans ses deux dictionnaires et sa grammaire prévalut aussi, avec ces tiois ouvrages, pendant tout le cours du xvii*’ siècle, c’est diie que l’on continua à écrire comme précédemment, et comme lui, sans principes fixes et sans méthode. ÎSous ne nous arrêterons donc pas à étutlier celte orthographe ad libitum : elle ne supporte pas l’examen d’une critique sérieuse (2).

Grégoire de Rostrenen, au commencement du siècle suivant, sentit plusieurs des inconvénients de l’orthographe du P. Maunoir, et, parmi un grand nombre d’erreurs, proclama quelques vérités : le premier, il avait compris la nécessité de généraliser les principes de la langue bretonne, de ramener à la règle ce qui n’en est que l’application ou l’exemple. Le premier, il avait touché au doigt un des préjugés les plus plaisants, quoique des plus invétérés, de ses compatriotes, en raillant agréablement a ceux qui s’imaginent, comme il dit, posséder entièrement la langue bretonne, parce qu’ils la savent bien de la manière qu’on la parle dans leur village, ou au plus à cinq ou six lieues de chez eux (3).» 11 déclare se conformer à l’usage nouveau d’écrire, contrairement aux anciens Bretons, les lettres dans lesquelles sont changées les mutes, afin de faciliter la lecture et la prononciation. « Pour lever cette difficulté, dit-il, j’écris dans mon dictionnaire et dans ma grammaire comme on prononce. » Mais, en même temps, il fait une réserve expresse en faveur de certains mots, que le P. Maunoir, dont il se sépare ici, a altérés, en y supprimant des consonnes. « lly a, fait-il observer, quelques mots particuliers dont je n’ai point changé les lettres, pour en faire voir l’éty- (1 ; Par exemple, en écrivant marv, mort, et dans l’autre ( p. 167 ), quer, etc., etc. Mais, et non marô^on pouvait suivre ce mot dans ce qu’il yadeplus singulier, c’est que, touten tous ses dérivés : marvi ox meriel, mourir ; n’employant pas la lettre K, la seule qui conmarvel, décédé ; martel, mortel ; mervenli, vienne, à la place du C, du Q et du QU, dans mortalité. En écrivant ar5roa//", et non ar g^oan, tous ces mots, et en ne la citant même pas dans l’hiver ; ann haff, l’été, f t non ann han, com- l’alphabet de ses dictionnaires, il s’en sert dans ine écrivaitMaunoir et comme il voulait qu’on les mots /a((, dict. fr.-br., p. 18) ; kalargoan écrivit, non-seulement on conservait à ces mots (dict. fr.-br., p. 119) ; kncc’hen (ibid., p. 117) ; leur pluriel régulier, qui esl goaffou el haffou, ATemper (gramm., p. 49) ; Kimper (dict. br.-fr., mais, de plus, on retrouvait toute leur famille ; p. 176), et dans beaucoup d’autres. De même goaffa, hiverner j goaffek, d’hiver ; goaf}’adur, il emploie dans plusieurs mots le W, qu’il ne quartier d’hiver ; goafji, se faner, etc. ; iMJfek, mentionne pas davantage parmi les lettres de /io/fur, d’été ; haf, mrtr ; /la/Ji, 0)ûrir, etc. l’alphabet, et il écrit, à la manière des Bre- (2 ; On ferait un volume des contradictions tons-gallois, salw (dict. franç.-bret., p. 108) ; qu’elle odre. Pour n’en citer qu’un petit nom- Zau^rc^a (dict. br.-fr., p, 156) ; gawr et gaowr lire, il écrit, dans son dictionnaire français- (dict. fr.-br., p. 25) ; caw (ibid., p. 8 et 20) ; breton ’p. 46, scnrlec, le mot qu’il écrit squar- crtü (dict. br.-fr., p. 147) ; endertü(dict. fr-br.. Le, dans son dict. breton-français ( p. 172). p. 111) ; guiiderw (dict. br-fr., p. 168) ; distrtu Lambrusc dans l’un ( p. 71), et lamhrusq dans (ibid., p. 143). Enfin, il se sert indifféremment lautrc ^p. 15o). Laquai, ibid. (p. 79 ), et fa- de S et de X dont le son n’existe même pas en cal, même page ; et, dans son dict. bret.-fr. breton, et il écrit marmoux (dict. fr. -bret., p. (p. 147,, lacal, et (p. lo5), laquai. Dict. franc.- 64), et marmous'i>. 111) ; (reu* (dict. fr.-br., bret. ’p. 47 ;, scolacr, et’p. 98), scholaer. p. 120), et treux (gramm., p. 51) ; pénaux al r)ict. br.-fr. ^p. 170,, «c/oryur/t, et, dans l’autre penaus (ibid., p. 62), etc., etc. ^p. 92, scloca. ibid. ’p. 167 ;, quern, et, rlans

ledicl !fr.-br.(p. 136i, cem. Ibid. (p. 124), fecr, (3) Préface du dict., p. 1.