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DE LA LANGUE BRETONNE.

augmenter et cresquer (sic) ; instituifv et quélen (sic) ; transgression et torridigez ; prix et gohr ; conseillaJ> et cusuliaf<^ (sic) ; niultipliet et squignet (sic) ; déité el doueléz (dninké) ; pi tojrfùl et trugarézus ; maternel e giànidic (sic) ; différent et dishaual, etc., etc. (i). Plusieurs des auteurs postérieurs à Giles de Kerampuil trouvèrent son procédé d’un effet agréable et Timitèrent ; quelques-uns même voulurent le surpasser, et, jugeant que le français ne suffisait pas, ils y joignirent le latin (-2). Qu^on juge de la physionomie d^un paieil style et combien il devait être compris du peuple des campagnes ! Aussi avons-nous vu qu’il n’y entendait rien (3). Mais le breton rustique, comme nous l’avons dit, choquait les habitants des villes, des châteaux et des presbytères, et il fallait le réformer. Pour v parvenir, on ajouta Finterpolationaux moyens précédemment employés. Si les ouvrages de beaucoup d’anciens poêles bretons, et particulièrement le*, chants religieux de Michel Le Nobletz, qui restèrent manuscrits de son vivant, fourmillent de tant deloculions françaises, il n’en faut pas chercher d’autre cause ; évidemment, elles ne sont pas toutes de lui : la première édition en fait foi, et le peuple des campagnes, qui ne retient que ce qu’il comprend, chante ses cantiques beaucoup plus purs qu’ils n’ont été imprimés. Nous avons d’ailleurs l’aveu précieux d’un homme qui en a fait paraître quelques-uns. « Parce que, dit Antoine de Saint-André, le style peu exact et le langage fort éloigné de celuy dont on se sert maintenant ( dans les villes), en rendroit la lecture d’autant moins utile à plusieurs, que l’élocution leur en paroistroit plus ennuyeuse, j’ay pris la liberté de changer quelquefoys les expressions de ce saint homme (4)- » Et, avec une naïveté qui désarme, il appelle cela « remédier à une sainte négligence, w Notez qu’Antoine de Saint-André écrivait quatorze ans seulement après la mort du poète dont le style lui paraît vieilli et ennuveux. L’ami et le disciple de Michel Le INoblelz, le P. Maunoir, céda-t-il lui-même quelque peu au torrent de la mode nouvelle, pour le vocabulaire, comme il y avait cédé pour l’orthographe ? On doit le croire, car ses dictionnaires et sa grammaire, quoique beaucoup moins remplis d’expressions françaises que les livres de ses contempoî ains^, en contiennent cependant un grand nombre, dont les équivalents bretons existent : il en est à peu près de même de ses cantiques ; du reste, il n’en faut juger que par les éditions de son temps ; toutes celles qui ont paru depuis sa mort ont été progressivement altérées, comme les poésies de Le Nobletz (5). Grégoire, de Ros-

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  1. Fol. 1, 2, 3, 4, 9, 1 3, IC, 19, 20, 22, 23. Khil diottz-in ann azrouañt C’est ce que tit Ives Le Baelec : J.- C., EvUna droublô ma skiant. s’éleva au ciel, dit-il, e bianoc’h évil ma vé ur « Ange de Dieu, gardien de mou âme, je FOULTH mont euz an oria>t d’an occidant, vous en supplie, par votre miséricorde éloignez p^/»in«/o 1/a IN icTD ociLi. (p. 33 et 35.) — N’est- de moi le démon, qu’il ne trouble pas mon csce pas, au bout de onze cents ans, l’aflectn- prit.» (Kentéliou Kristen (1659), p. 79). tion pédantesque de ïalicsinV (Voy. p. xxvj.) va éal-mâd, me ho suppu, Voy. p. xliv. Foc h eûz ac’hanon ar soursi, Préface, p. 31 et 32. A^’ lezii ked ann drouk-spéred La strophe suivante, d’après deux édi- D’amzroubli e fason é-bet. lions, l’une de 1659, l’autre de 1712, le « mon bon ange, je vous en supplie, prouvera de la manière la plus évidente : puisque vous avez souci de moi, ne laissez Eal Doué, mirer d’am éné pas le malin esprit me troul)ler en aucune fa-Mé hô péd, dré hô Irugaré, ton. » (Ar Vuhez Gristen (1712), p. 151).