Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/139

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Vous êtes donc coupable
De quelque grand péché,
Pour que Dieu tout aimable
Vous ait tant affligé :
Dites-nous l’occasion
De cette punition.

— C’est ma cruelle audace
Qui cause mon malheur ;
Si mon crime s’efface
J’aurai bien du bonheur :
J’ai traité mon Sauveur
Avec trop de rigueur.

Allant sur le Calvaire,
Jésus, avec sa croix,
Me dit en débonnaire,
Passant devant chez moi :
Veux-tu bien, mon ami,
Que je repose ici ?

Moi, cruel et rebelle,
Je lui dis sans raison :
Pars, âme criminelle.
De devant ma maison :
Avance et marche donc,
Car tu me fais affront.

Jésus, la bonté même,
Me dit en soupirant :
Tu marcheras toi-même
Pendant plus de mille ans :
Le dernier jugement
Finira ton tourment.

De chez moi, à l’heure même,
Je sortis bien chagrin,
Avec douleur extrême
Je me mis en chemin :
Dès ce jour-là je suis
En marche jour et nuit.