Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE CLAIRON


L’air est pur, la route est large,
Le clairon sonne la charge,
Les zouaves vont chantant,
Et là-haut sur la colline,
Dans la forêt qui domine
Le Prussien les attend.

Le clairon est un vieux brave,
Et, lorsque la lutte est grave,
C’est un rude compagnon ;
Il a vu mainte bataille
Et porte plus d’une entaille,
Depuis les pieds jusqu’au front.

C’est lui qui guide la fête.
Jamais sa fière trompette
N’eut un accent plus vainqueur,
Et de son souffle de flamme
L’espérance vient à l’âme,
Le courage monte au cœur.

On grimpe, on court, on arrive,
Et la fusillade est vive
Et les Prussiens sont adroits,
Quand enfin le cri se jette :
« En marche ! À la baïonnette ! »
Et l’on entre sous le bois.

À la première décharge,
Le clairon sonnant la charge
Tombe frappé sans recours ;
Mais, par un effort suprême,
Menant le combat quand même
Le clairon sonne toujours.