Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/66

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D’impatiente amitié,
          Sur cet âge
          Qu’il enrage
De se joindre à sa moitié,
Ne prévoyant que l’homme est
Trop prompt à ce qui luy plaît.

Ne devais-je pas connaître
A voir ses yeux douloureux
Que je lui devais permettre
Quelque plaisir amoureux ?
          Sans cruelle
          Et rebelle
Le traiter si rudement,
          Quand Cyprine
          La doucine
L’encourageait ardemment ?
Si je l’eusse fait ainsi
Encor serait-il ici.

Mon Dieu, que j’étais heureuse
Quand penchée sur son sein
Je l’embrassais, envieuse
De baiser sa blanche main,
          Sa tetine
          Argentine,
Son frison d’or rousselet,
          Qui se noue
          Sur sa joue
Toute de rose et d’œillet,
Et quand je baisais ses yeux
Si beaux et si gracieux.

Mon Dieu, que j’étais joyeuse
Quand je l’oyais deviser
D’une façon gracieuse
En me venant courtiser :
          La harangue
          De sa langue
Coulait plus douce que le miel ;
          Je m’assure