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LA DOMINATION

Mais un tel excès épuisait la jeune fille. Une maigreur de feu, semblait-il, un farouche étonnement du regard, et ce sanglot ininterrompu, qui de son cœur s’élançait dans le cœur d’Antoine Arnault, tarissaient sa vie délicate.

Bientôt l’atmosphère des jours lui devint inhabitable.

Lorsqu’ils furent de retour à Paris, tout l’ordinaire les étonnait : les conversations et les actes.

« Ah ! pensait Élisabeth en s’isolant des vains propos de leurs amis, au-dessus, au-dessus, toujours au-dessus de tout cela ! »

Antoine Arnault ne savait ce qu’elle voulait ; elle brûlait et pâlissait. Allait-elle défaillir ? Que souhaitait-elle encore ? Mais lui-même, instinctivement, du fond de son amour, souhaitait cela : qu’elle mourût. La passion a de ces douceurs ! Qu’elle mourût, cette petite fille qui était là pour que l’univers