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LA DOMINATION

… Petits oiseaux qui vous contredites le matin sur les branches des arbres, qui mangez, qui buvez, qui avez tout notre cœur, c’est vous la plus pure poésie ! Que l’on vous voie vivre, et l’esprit s’apaise ; âmes montantes, peuple entraîné vers le faîte, ailes ! oiseaux ! noblesse de l’air !… Dans le pli brillant et toujours renouvelé de ton cou lisse et sans repos, ô n’importe lequel des petits oiseaux divins, je mets mon rêve ; tes deux ailes pour mon rêve ! vole ainsi vers les lignes blanches de l’infini, jusqu’au secret, jusqu’au silence, jusqu’au vide, où le vierge azur meurt de pureté !…

Élisabeth, inlassablement, au centre de ce jardin rêvait. Antoine la voyait si langoureuse, si méditative, si hallucinée, que parfois, au crépuscule, près du massif jaune et violet que la fin de l’été brûlait, il lui disait en souriant :