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LA DOMINATION

elle s’éclairait d’un tel espoir qu’Antoine avec dureté lui disait : « Ne rêvez pas ». Mais elle rêvait, elle ouvrait son âme à toutes les armées de la vie…

Musique ! hôte total, qui envahissez sans qu’on discerne, qui promettez plus que l’amour !


Pour fuir une présence dont toute la grâce le blessait, Antoine se promenait seul, par les oppressantes journées qui marquent la fin de l’automne.

Un après-midi de novembre, errant ainsi sous la pluie, visitant les provinciales cités de la Seine, il entra dans un petit cimetière dont la douleur l’attirait. Le saule et le buis trempaient d’humidité et de langueur ce séjour des morts. Ah ! le romanesque des morts, ce feuillage funèbre, ce silence, cette terre soulevée et mouillée. Les morts ! Antoine contemplait, le cœur brisé, ce peu