Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
LA DOMINATION

la foule des indigènes, des marchands, des matelots, d’éveiller soudain, par un sourire furtif, sur un fort et brutal visage l’audace et la convoitise ?…

L’agonie se prolongeait. Antoine, à un moment, regarda sa montre, et il eut, comme une pensée nette et dure, le sentiment que le temps était lent, qu’il était de meilleure heure qu’il ne pensait. Il dit d’un ton naturel : « Tiens, il n’est que cinq heures », mais il n’avait pas l’air vivant.

Quoiqu’elle mourût de larmes, Madeleine, comme elle ne pouvait rien et qu’on l’appelait, dut aller faire jouer les petites filles.

Élisabeth remua sur l’oreiller son pâle visage, regarda la fenêtre claire.

… Ah ! c’est le divin printemps ! Tout l’air mobile brille si fort que les aiguilles vertes des pins semblent enfilées d’argent ! Est-il vrai, Élisabeth, que vous puissiez mourir ? Voici le printemps ! Il est comme