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LA DOMINATION

Vous, sous la terre, Élisabeth, serez une morte voilée. Ah ! que vous avez cherché la vie ! Petite fille on vous voyait poursuivre des parfums dans l’air pour leur dire : je vous aime.

S’il fallait que votre être rendît à la nature exactement ce que vous avez pris d’elle, toute une moitié de votre âme retournerait à la rose.

Dans le jardin, sous vos fenêtres, un petit cerisier fleurit.

Vous serez morte, Élisabeth, vous dont le regard brillait d’amour à l’aurore, quand, de la baie bleue d’Antibes, vous voyiez se lever sur les Méditerranées l’île de Corse flamboyante…

Vous avez respiré l’espace avec tant de profonds élans que toute votre chair reste pénétrée d’arômes. Vous fûtes une telle créature humaine, que dans votre cœur vous asservissiez le monde, et la lune du soir