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LA DOMINATION

il passe un chant de jeune homme, une de ces chansons langoureuses, par lesquelles, sur la douce terre, on aime, — car, vous le savez, on aime par les chansons et les nerfs, par les parfums et le sang, enfin par la volupté, — s’il passe une de ces chansons prenez-la, elle est pour vous ; ah ! mieux que le rossignol, le passionné rossignol, plairont à votre ombre tendre des cris que jettent le soir les sensuels jeunes hommes…

Dans la chambre, la vieille gouvernante d’Élisabeth, qui depuis le matin pleurait, s’arrêtait de pleurer, commençait à s’habituer ; depuis quatorze heures que durait cette agonie, elle acceptait la fin de son enfant, c’était une chose qui ne l’étonnait plus, qui s’établissait, qui allait vers l’avenir.

On percevait les bruits habituels de la maison, les portes, et le rire des enfants. Antoine Arnault ne bougeait pas. Autour du