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CONSIDÉRATIONS FINALES


La suite naturelle de cette étude nous appellerait maintenant à considérer le gouvernement congolais à l’œuvre, et à apprécier la marche comme les résultats de sa gestion. Son travail, depuis plus de deux ans qu’il existe, serait bien curieux à observer, car nous l’avons laissé en présence d’une civilisation embryonnaire à développer, de services administratifs à organiser, de progrès économiques à accomplir, et, pour tout cela, de nombreuses lois à élaborer. Toutefois, il y a encore trop de matières à réglementer, pour qu’il ne soit pas préférable de retarder cette recherche, jusqu’au moment où elle pourra porter sur un ensemble plus complet de décrets et d’arrêtés. Créer une législation de toutes pièces est une œuvre de longue haleine, qui ne saurait être exempte de tâtonnements, surtout quand il s’agit d’une situation peu commune, pour laquelle les expériences faites ailleurs ne sont que d’un faible secours. Laissons donc à l’organisme gouvernemental du Congo le temps nécessaire pour donner toute sa mesure avant de le juger, et bornons-nous, pour aujourd’hui, à ce qui tient à ses origines.

Seulement, qu’on ne perde pas de vue que l’Afrique équatoriale est en train de se métamorphoser, et que, ainsi que cela a été dit à la tribune de la Chambre des Représentants de Belgique[1], elle est appelée à participer prochainement au mouvement de la civilisation européenne. Les conséquences d’une semblable nouveauté peuvent être considérables, et aller jusqu’à un déplacement du centre de gravité des intérêts généraux de l’humanité. Il n’y aurait rien de surprenant à ce que cette partie du monde jouât un rôle

  1. Séance du 10 mars 1885.