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Page:La revue philosophique et religieuse, tome 6, 1856.djvu/11

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M. PROUDHON
ET LA
QUESTION DES FEMMES.


Les femmes ont un faible pour les batailleurs, dit-on ; c’est vrai, mais il ne faut pas le leur reprocher : elles aiment jusqu’à l’apparence du courage, qui est une belle et sainte chose. Je suis femme, M. Proudhon est un grand batailleur de la pensée, donc je ne puis m’empêcher d’éprouver pour lui estime et sympathie, sentiments auxquels il devra la modération de l’attaque que je dirige contre ses opinions sur le rôle de la femme dans l’humanité.

Dans son premier mémoire sur la propriété, édition de 1841, note de la page 265, on lit ce paradoxe dans le goût du Coran :

« Entre la femme et l’homme il peut exister amour, passion, lien d’habitude, et tout ce qu’on voudra, il n’y a pas véritablement société. L’homme et la femme ne vont pas de compagnie. La différence de sexe élève entre eux une séparation de même nature que celle que la différence des races met entre les animaux. Aussi, loin d’applaudir à ce que l’on appelle aujourd’hui émancipation de la femme, inclinerais-je bien plutôt, s’il fallait en venir à cette extrémité, à mettre la femme en réclusion. »

Dans le troisième mémoire sur la propriété, même édition, page 80 :

« Cela signifie que la femme, par nature et par destination, n’est ni associée, ni citoyenne, ni fonctionnaire public. »

J’ouvre la Création de l’ordre dans l’humanité, édition de 1843, page 552, et je lis :

« C’est en traitant de l’éducation qu’on aura à déterminer le rôle de la femme dans la société. La femme, jusqu’à ce qu’elle soit épouse, est apprentie, tout au plus sous-maîtresse ; à l’atelier comme dans la famille, elle reste mineure et ne fait point par-