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RECHERCHES SUR LA VIE


souvenirs de son amour ; mais, n’étant plus inspirée par la présence du poète, elle cessa de chanter ; » et ses amis obtinrent d’elle, à grand’peine, qu’elle consentit à faire imprimer ses vers, qui eurent un rapide succès. Olivier de Magny conçut-il quelque jalousie de ce succès, que ses poésies n’avaient jamais obtenu, ou l’absence seule suffit-elle pour refroidir sa passion ? Toujours est-il, et ses Soupirs en offrent le témoignage, qu’il s’attarda dans les bras des courtisanes romaines. De son côté, Louise, perdant l’espoir de voir revenir l’infidèle, « abandonna son esprit aux charmes d’une nouvelle liaison… L’objet de cet attachement » fut un jeune et « brillant » avocat lyonnais, Claude de Rubys, « dont la plume audacieuse avait déjà suscité beaucoup de sympathies et de nombreuses animosités. » Sur ces entrefaites, Olivier, qu’on n’attendait plus, arriva tout à coup. « Furieux de rencontrer un accueil simplement amical là où il avait rêvé un regain d’amour, » il exhala sa première fureur dans une ode où il prodiguait l’outrage à Louise et à son mari. « Cette ode brisa le cœur de la pauvre femme au moment où, revenant à Olivier dans une effusion sincère, elle congédiait l’objet d’une jalousie sans doute imméritée. » La malheureuse resta perdue sans rémission ; car à la colère du poète elle avait ajouté la haine de son rival, qui devait s’acharner sur sa mémoire et lui imprimer une flétrissure dont elle n’est pas encore lavée aujourd’hui.

Tout ceci, M. Blanchemain nous l’apprend lui-même,