Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
« Le Chant de la Paix »

tés sur de« coursiers rapides, s’avançaient à toute allure.

Jean Desgrives que la foule à ce moment acclamait, comprit que quelque chose d’anormal se passait. Calmant d’un geste impérieux cette foule tumultueuse, il alla à la rencontre de ces soldats qui s’avançaient. Lorsqu’lls furent rendus près de lui, l’un d’eux descendit vivement de sa monture et saluant légèrement Jean Desgrives, il lui remit la dépêche qui contenait ces mots : « Les autorités de France se voient dans l’obligation de procéder à votre arrestation immédiate. Ayant manqué gravement à la discipline militaire en laissant pénétrer dans votre cabinet de travail une jeune fille, et de plus, l’ayant soustraite à la surveillance des gardes en lui dévoilant le passage secret qui favorisa sa fuite ; vous avez, par ce moyen, aidé l’ennemi à s’emparer des plans que la France vous avait confiés. Possédant de votre culpabilité des preuves écrasantes, il vous faudra d’abord prouver votre innocence pour avoir le droit de reprendre le poste que vous occupez présentement. Si vous n’arrivez pas à vous justifier, vous subirez le sort réservé aux traîtres et aux espions ».

Jean Desgrives devint d’une pâleur mortelle et laissa tomber le fatal billet. Il lui sembla qu’un vide immense venait de se creuser dans son cerveau. Fixant d’un regard d’halluciné cette foule qui venait l’acclamer, il sentit un instant tout son courage l’abandonner, mais se ressaisissant, il comprit que ce n’était pas le moment de faiblir. Devinant dans tout ceci un complot infâme, monté par l’ennemi qui n’avait pu rien apprendre en s’emparant des plans et se voyant maintenant perdu, il jugea à l’instant, qu’échapper à cette arrestation c’était sauver la France, car l’ennemi avait vainement compté, pour sa défense, sur la fourberie de leurs vils espions.

Cette scène navrante se passait tout près du châ-