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Roman illustré du « Soleil »
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douter, ils me permirent d’assister à leur échec, et ce fut avec joie que je les vis jusqu’à l’aube essayer vainement de déchiffrer les plans volés. Lorsque votre régiment commença à défiler dans les rues de Paris, ceux-ci la rage au cœur abandonnèrent leurs infructueuses recherches pour transmettre à leur chef la décevante nouvelle. L’ennemi en apprenant tout ce qui se passait, se vit inévitablement perdu s’il ne parvenait pas à arrêter momentanément la marche de votre puissante armée. L’ordre fut alors donné à ces deux espions de vous assassiner et pour les obliger à accomplir cet acte qui les condamnait eux-mémes à mourir. Ils les menacèrent également de les dénoncer aux autorités militaires de France. Vous pouvez vous imaginer facilement dans quelle terreur les plongea le sinistre commandement qu’il venait de recevoir. Leur imagination fertile trouva bientôt un moyen qui, tout en produisant les mêmes résultats, les laissait en pleine sécurité. C’est pourquoi dans l’intention de vous perdre, ils retournèrent les plans en question, vous accusant de graves négligences. Pour convaincre davantage les autorités de France de votre culpabilité, ils mirent à profit le secret que le hasard leur avait fourni lorsqu’ils me remplacèrent dans mes fonctions de garde. Voilà comment fut connue la visite de la Jeune fille à votre bureau, puis sa fuite par le passage secret. Vous voyez dans quelle situation périlleuse vous étiez placé, et combien il vous aurait été difficile de vous justifier malgré votre innocence. Vous devinez le bonheur que je ressens lorsque je me rends compte qu’il est en mon pouvoir de réhabiliter son nom. Ce bonheur me fait oublier tout ce que j’ai pu souffrir… Évidemment, si Dieu a permis que mon cerveau reprenne après vingt années sa lucidité d’autrefois, ce n’était que pour faire éclater sa justice et prouver l’innocence de la martyre.

— Vous dites, reprit Jean Desgrives, la voix trem-