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fin de roman

— Tu t’imagines bien qu’il n’y a rien à faire. Elle est partie de son plein gré il y a vingt ans. Nous ne nous connaissons plus, nous sommes des étrangers l’un pour l’autre. Je n’éprouve absolument rien pour elle et il serait absurde de recommencer la vie commune.

— Je le pense bien aussi. Puis, si tu la reprenais, moi je me retirerais. Tu comprends bien que je ne saurais accepter de partage.

— Rassure-toi. Il n’y aura jamais de partage. C’est toi qui es ma compagne, ma compagne pour la vie et je n’en veux pas d’autre.

— En somme, je crois bien que ce qu’elle cherche surtout, c’est de l’argent.

— Je ne crois pas que ce soit ma personne qui l’attire.

— Tu ne lui as rien promis ?

— Rien promis, rien donné.

— Et elle est partie ?

— Elle est partie.

— Mais elle reviendra.

— Ce sera une autre démarche inutile.

Malgré ces paroles, cette assurance, une inquiétude était entrée dans l’esprit de Mme Louye.

Dans un mois, Marc serait sacré oint du Seigneur ; il serait admis à la prêtrise.

Dans les jours qui précédèrent ce grand événement, il rendit souvent visite à sa mère. Dans ces occasions, il restait de longs moments songeur, la regardant sans parler. Mme Louye comprenait vaguement alors qu’il voulait lui dire quelque chose mais qu’il hésitait toujours.

Enfin, un après-midi, trois semaines avant la date de son ordination, après un silence de quelques minutes, il parla :