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fin de roman

autrement, le gouvernement veut avoir toutes sortes d’informations, ce qui est très ennuyeux, prend du temps et cause des frais.

— Bien, je ferai un testament,

L’état de santé de Mme Lebrun empirait. Elle passait la plus grande partie de sa journée au lit et Valentine avait une tâche au-dessus de ses forces. Un jour, le mari de celle-ci s’amena chez sa belle-mère avec un médecin. Contente ou pas contente, il fallait agir. La situation avait trop duré. Un examen de la malade révéla qu’elle souffrait de cancer, que la maladie était très avancée. La seule chose à faire était de l’envoyer à l’hôpital. Impuissante à résister, la vieille femme était le lendemain conduite dans une institution pour les malades de sa catégorie. Elle passa là deux mois et demi puis mourut.

Les deux sœurs furent averties de la mort de leur mère. D’un commun accord, elles se rendirent chez le notaire pour connaître les dernières volontés de la défunte.

De son air grave, l’homme prit un document dans un classeur, l’ouvrit et lut : Je donne et lègue à ma fille Rosabelle, épouse de M. Paul Doutre, tous mes biens, environ $40,000, consistant en obligations dont la liste est annexée ci-contre, à la seule condition de me donner des funérailles convenables. — Laura Lebrun.

— C’est tout ? interrogea Valentine avec une expression de surprise et d’un ton chagrin.

— C’est tout, répondit le notaire.

Après un moment de silence embarrassant, Valentine prononça : J’espère que tu vas lui faire chanter un beau service.

— Le testament spécifie des funérailles convenables, rectifia Rosabelle.