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fin de roman

Il exultait. La journée commençait bien.

De tous côtés autour des deux hommes, l’on sortait le poisson de la rivière. Personne n’avait à se plaindre.

Une heure plus tard, environ, M. Petipas prit un superbe doré. À part cela, il y avait le menu fretin. Son compagnon faisait aussi de bonne besogne.

À un moment, M. Petipas tira sa montre.

— Midi moins cinq, annonça-t-il. Si vous voulez, nous allons aller manger une bonne trempette au lait.

— C’est cela, acquiesça M. Péladeau.

Et ils retournèrent au rivage.

Ils s’installèrent sur un banc à côté de la remise du fermier, tout près d’une touffe de lilas en fleurs. Comme d’habitude, ils versèrent leur pinte de lait dans deux bols puis y jetèrent leur pain qu’ils avaient cassé en petits morceaux. Avec appétit, ils se mirent à manger. M. Petipas était bien heureux.

— Oui, quand je pense que si j’étais arrivé à la gare deux secondes plus tard, j’aurais manqué tout ça, déclarait-il une fois de plus. C’était comme un refrain. Certes, il avait été bien chanceux.

L’estomac rempli par leur trempette au lait et respirant l’arome des lilas en fleurs, les deux pêcheurs goûtaient un grand contentement en ce calme jour de mai. Bien sûr qu’ils n’étaient pas millionnaires, mais ils étaient satisfaits de leur sort. Après une douce sieste, ils retournèrent à leur chaloupe et la pêche recommença.

Les deux copains avaient fait une capture de dix-sept poissons et ils songeaient à aller casser une croûte à un petit restaurant avant de se rendre à la gare pour prendre le train pour le retour. Juste à ce moment, ils entendirent