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VI.



LES bessonnes avaient maintenant douze ans et marchaient au catéchisme. Paulima faillit être renvoyée car elle était dissipée et fort ignorante en fait d’instruction religieuse.

Le vicaire chargé du cours l’interrogea un jour.

— Quelles sont les conditions pour recevoir la communion ?

Embarrassée, Paulima garda le silence.

— Pourrais-tu communier maintenant ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce que j’sus en péché mortel, répondit Paulima à l’ébahissement des autres préparants et à la stupéfaction du prêtre.

En raison de son âge cependant, le curé ne crut pas devoir la remettre à une autre année et les deux sœurs annoncèrent un soir à leur mère qu’elles étaient acceptées.

Le lendemain, Mâço alla au village apportant vingt douzaines d’œufs et un panier de beurre afin d’acheter les robes blanches, les voiles, les gants, les bas et les souliers pour ses filles. Ce fut une grosse journée d’emplettes.

À quelques jours de là, Mâço résolut de teindre sa laine, et un après-midi, à leur retour du catéchisme, elle chargea Paulima et Caroline d’écorcer les tiges d’aulne que son mari avait été chercher au bout de son champ. Lorsqu’elles eurent terminé leur besogne, les deux fillettes avaient les doigts couleur café. Elles eurent beau les laver énergique-