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LE DESTIN DES HOMMES

Dès le samedi matin, la mère Lebau s’était mise à l’œuvre pour faire cuire les victuailles pour le festin. Elle était assistée de Louise, sa fille de vingt ans, et de sa belle-sœur Héloïse.

Rien ne serait épargné pour faire de ce dîner un événement mémorable, un repas digne de l’occasion.

Une voisine, Julie Goyette, femme du menuisier, réputée pour ses pâtisseries, s’était chargée de tout ce qui regardait les desserts : pâtés, tartes, puddings. Toute fière de pouvoir faire montre de ses talents en une circonstance aussi importante, elle avait confectionné un monumental gâteau de trois étages, dont chaque convive pourrait avoir un morceau.

La mère Lebau entendait se charger elle-même de la direction du dîner, mais sur les instances de la famille qui voulait la voir prendre place aux côtés de son fils prêtre et de son mari, elle renonça à cette idée et la belle-sœur Héloïse fut nommée ordonnatrice de la fête. Elle verrait à placer les invités et à surveiller le service des tables. Le dimanche matin, la famille Lebau partit de bonne heure pour l’église. La belle-sœur Héloïse et la voisine Julie Goyette avaient consenti de grand cœur à rester à la maison pour compléter les préparatifs de la fête.

Quatre cousines du jeune prêtre s’étaient offertes pour servir le repas et, dès huit heures, elles étaient déjà au poste pour s’entendre sur la meilleure manière de procéder le plus rapidement et le plus efficacement possible et pour placer les nappes, les serviettes et les couverts sur toutes les tables.

Avant de monter en voiture, la mère Lebau avait fait un énorme bouquet de pivoines et de syringas, qui devait orner la table d’honneur à laquelle prendraient place le jeune prêtre, le vieux curé de la paroisse, l’oncle qui