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LE NOUVEAU CIMETIÈRE


Un Laberge a étrenné aujourd’hui le nouveau cimetière.

— C’était un brave homme, un fermier à l’aise. Il prospérait, ses affaires allaient à merveille, il avait un beau bien, il serait devenu riche, très riche, me dit l’oncle Moïse. C’est bien malheureux, ajoute-t-il avec componction.

Malheureux ? Pourquoi plus malheureux pour lui qui a vécu dans le travail, la joie, l’abondance et qui laisse un héritage à sa famille que pour le pauvre, l’indigent, dont la vie n’a été qu’une série d’épreuves et qui s’en va, ne léguant aux siens que le lot de misères qui a été son partage ? Il a vécu heureux, sa tâche est finie, il va reposer en paix dans la terre. Il n’est pas à plaindre.