Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/138

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CLÉMENCE, froidement.

Certainement.

JULES, jouant l’émotion.

J’en souffrirai, j’en mourrai peut-être !

GINGINET, ému.

Non !

JULES.

Si !

GINGINET, à part.

Pauvre garçon !

JULES, pleurant.

Mais j’en mourrai du moins avec la satisfaction du devoir accompli !

GINGINET, le fortifiant.

Voyons ! du courage, sacrebleu ! Tout n’est pas perdu, et qui sait ?… plus tard…

CLÉMENCE, vivement.

Quoi… plus tard ?

GINGINET.

Non !… ce n’est pas cela que je voulais dire… l’émotion… (Prenant la main de Jules.) Jules, laissez-moi vous appeler Jules ! Jules, vous êtes un galant homme… et croyez que si ça dépendait de moi… Mais vous lutterez… vous combattrez, vous… (Changeant d’idée et de ton.) N’avez-vous pas trouvé mes billets de chemin de fer dans mon pantalon ?

JULES.

Je ne me serais pas permis de fouiller dans vos poches.

GINGINET, à part.

Très-délicat ! trop délicat !… (Haut à sa femme.) Maintenant, Clémence, tu peux lui donner la main, c’est un frère !

JULES, tendant la main à Clémence.

Oh ! oui.

CLÉMENCE.

Inutile ! je ne puis qu’applaudir à ces sentiments… inattendus, et si jamais monsieur venait à les oublier, je saurais les lui rappeler.