Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
LES CHEMINS DE FER

lain papier, et tremblant de tacher ses jolis petits doigts avec tes ignobles plumes de fer…

TAPIOU.

C’est pas à moi… C’est à l’administration.

JULES.

Je m’approche, comme l’ange du bordereau, et…

L’EMPLOYÉ, appelant derrière son guichet.

Monsieur de la Tabardière !

TAPIOU, répétant.

Monsieur de la Tabardière ! (À Jules.) Allez toujours.

JULES.

J’offre mes services… On refuse d’abord… J’insiste…

L’EMPLOYÉ, derrière son guichet.

Monsieur Beurré de Sainte-Magne !

TAPIOU, répétant.

Monsieur Beurré de Sainte-Magne ! (À Jules.) Allez toujours !

JULES.

Ah ! c’est embêtant de causer comme ça… (Reprenant.) J’insiste… On accepte… Nous nous asseyons à une table… tout près l’un de l’autre… nos genoux se touchent…

TAPIOU.

Oh ! taisez-vous ! que vous allez troubler ma digestion !

JULES.

Alors je lui dis d’une voix musicale : Vos nom et prénoms ? — Adeline Cruchard. — Votre profession ? — Rentière. — Votre demeure ? — Rue Lafayette, 58. — Et le tour est fait ! Je pince l’adresse, le nom et le lendemain… (Avec force et regardant Tapiou). Ah çà ! mais pourquoi diable est-ce que je te raconte tout cela ?