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Page:Labiche - L’Avocat d’un Grec, 1859.djvu/15

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BENOÎT.

Je t’en réponds, que ça a bien fait.

BROSSARD.

C’est ce que nous appelons une ficelle.

BENOÎT.

Comment ! une ficelle ?

BROSSARD.

Oui, un mouvement oratoire.

BENOÎT, de bonne foi.

Alors, mon ami, mon compliment… Tu es sublime dans la ficelle !… Avocat ! est-il une plus noble profession ? Ça m’a décidé tout de suite à te nommer mon gendre !… Ah ! tu dois te sentir la conscience heureuse… le cœur satisfait !…

BROSSARD.

Moi ? pourquoi ?

BENOÎT.

Avoir fait acquitter un innocent !

BROSSARD, froidement.

Oui, oui, oui…

BENOÎT.

L’avoir rendu à sa famille ! car c’est un père de famille… cinq enfants !

BROSSARD, froidement.

Oui, oui, oui…

BENOÎT.

L’as-tu revu au moins ? lui as tu serré la main ?

BROSSARD.

[Benoît, Brossard] Ma foi, non !

BENOÎT.

Eh bien ! tu le reverras !

BROSSARD.

Oh ! je ne crois pas !

BENOÎT.

Si… si… je t’ai ménagé une surprise.

BROSSARD.

Comment ?

BENOÎT.

À la sortie de l’audience… encore tout ému, tout transporté, je lui ai fait parvenir une lettre d’invitation pour notre bal.

BROSSARD, bondissant.

Allons donc ! c’est impossible ! une invitation, à Malvoisie ?

BENOÎT.

Oui… au noble Malvoisie ? à ton frère !